Le maire de Saint-Jeoire, en Haute-Savoie, a entamé un long périple jusqu'au Luxembourg dans l'espoir de conserver le plus gros employeur de sa commune, l'usine Avient, vouée à la fermeture. Il a obtenu un rendez-vous avec la direction, mais pas de garantie pour les 40 salariés au chômage.
Un allié de poids dans la lutte contre la fermeture d'une usine qui laisse 40 salariés au chômage. Le maire de Saint-Jeoire, en Haute-Savoie, se bat aux côtés des salariés contre la délocalisation de l'usine Avient. Ce fleuron industriel, spécialiste de la production de granulés plastiques colorés, est implanté sur sa commune depuis plus de 70 ans. Mais la multinationale américaine qui l'a racheté il y a quelques mois a décidé de fermer ce site le 23 décembre pour délocaliser l'activité en Pologne.
Pour le maire, Antoine Valentin, ce déclin pose la question de la politique industrielle en France alors que l'usine de Saint-Jeoire employait encore 800 salariés il y a une trentaine d'années. "La start-up nation, c'est bien beau, mais la start-up nation à Saint-Jeoire, c'est surtout la fermeture de l'usine. Pas de livreur Uber ou Deliveroo et pas de start-up dans les nouvelles technologies, donc c'est de la précarité et de la perte d'emplois sur le territoire", tranche-t-il.
Alors Antoine Valentin a décidé de se battre coûte que coûte pour sauver les emplois et cette usine, le plus gros employeur de sa commune. Malgré de nombreuses sollicitations, la direction d'Avient ne lui a jamais répondu. C'est pourquoi il a décidé se rendre lui-même au siège Europe de la multinationale, au Luxembourg, le 5 janvier. Au terme de plus de 1 600 km de route, l'édile n'a pas pu franchir la porte d'entrée des bureaux.
Rendez-vous avec la direction
"Vous venez de fermer une usine et de mettre 80 personnes à la porte la veille de Noël. J'ai dû appeler une trentaine de fois, y compris le siège en France. J'ai dû faire une dizaine de lettres, autant de mails, je n'ai eu aucune réponse. Vous êtes le plus gros employeur de ma commune. On laisse des salariés qui ont 35 ans d'ancienneté dans la précarité et il n'y a personne pour en discuter, personne pour nous recevoir", le voit-on s'agacer à l'entrée du siège, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Après de longues heures d'attente, de nombreuses vidéos devenues virales, Antoine Valentin a récupéré l'adresse mail de la direction des ressources humaines. "Pour l'instant, j'ai un rendez-vous, enfin, avec la direction sur le site de l'usine le 31 janvier. Le groupe est sorti de son mutisme et je leur demande toujours l'abandon de ce projet de fermeture de l'usine", affirme le maire de Saint-Jeoire.
L'édile n'hésite pas à parler de scandale humain, industriel et environnemental. Car l'activité de chimie et de colorants plastiques pratiquée depuis 1946 sur le site de Saint-Jeoire interroge l'élu quant à l'avenir des sols de cette possible friche industrielle et sa dépollution.