En 2020, le loup a fait plus de ravages que l’année précédente en Haute-Savoie. Le département enregistre une augmentation de 20 % des attaques. L'animal est apparu dans le département il y a une quinzaine d'années et la cohabitation avec les élevages reste difficile.
"C’est l’angoisse tous les soirs. Le matin, à la remontée au troupeau, on ne sait pas ce qu’on va découvrir", témoigne Dominique Tochon, éleveur depuis plus de 30 ans. Son troupeau a subi cinq attaques de loups cet été, la dernière a eu lieu la semaine dernière. Au total, 10 de ses bêtes ont été tuées.
Le loup est apparu dans le département en 2004 et la cohabitation avec les élevages reste difficile. D’autant plus qu’en 2020, les attaques ont augmenté de plus de 20 % en Haute-Savoie : à ce jour, 98 dommages ont été signalés pour 272 victimes l’année, contre 83 dommages pour 195 victimes à la même date en 2019.
Deux loups prélevés en Haute-Savoie depuis le début de l’année
Le loup reste une espèce strictement protégée : sa destruction volontaire est fermement condamnée, exposant à des peines allant jusqu’à deux ans de prison et 15 000 euros d’amende, retrait du permis de chasser et confiscation de l’arme. Toutefois, une dérogation permet de prélever légalement le loup de façon proportionnée aux attaques subies par les élevages.La destruction des loups est fixée par année civile à 17 % de l'effectif moyen de loups estimé annuellement mais le plafond peut être relevé par arrêté préfectoral. Pour l'année 2019, il a été de 100 loups et pour l'année 2020, il est aujourd’hui de 90 loups et pourra être porté à 100. Depuis le début de l'année, 63 loups ont été prélévés en France dont 2 en Haute-Savoie.
Un plafond de destruction légale de 90 loups
En cas d’attaque, les éleveurs peuvent recevoir une aide de l’Etat, qui vise d’une part à indemniser les dommages subis et d’autre part à protéger le troupeau.En 2019, 123 contrats "mesures de protection contre la prédation" ont été conclus avec les éleveurs pour un montant d’aides de 700 000 euros. Ces mesures comportent l’investissement de matériels, chiens de protection, gardiennage, accompagnement technique et analyses de vulnérabilité. En outre, 11 autorisations de tir de défense simple ont été délivrées et un loup a été prélevé.
En 2020, le dispositif a été reconduit et renforcé et c’est dans ce cadre que deux loups ont été prélevés. A ce jour, 140 dossiers de protection sont enregistrés. "Aujourd’hui, l’usage du tir doit être sans doute orienté en priorité sur ce qu’on appelle les points chauds, sur les fronts de colonisation, ce qui est le cas ici, estime Alain Espinasse, préfet de la Haute-Savoie. Mais on ne sera pas sur une solution unique. Dire que le tir résoudra tout ne sera pas la solution. C’est un ensemble de choses qui vont permettre de maintenir cet équilibre qu’on avait plutôt réussi à atteindre les années passées."