Haute-Savoie : il se prépare à sillonner le lac Léman dans une expédition "à la Jules Verne"

Didier Bovard s'apprête à prendre le large sur le lac Léman à bord de son monocoque. Il y effectuera des relevés scientifiques et se préparera pour un grand défi : traverser l'Atlantique à la force des jambes à 1 500 lieues sous la mer.

Une exploration du Léman "comme jamais elle n'a été réalisée". En Haute-Savoie, Didier Bovard se prépare à partir à l'aventure à bord d'un drôle de bateau. "My way", c'est le nom de l'hydrocycle qui va être mis à l'eau mercredi 3 juin au port de Thonon-les-Bains.

Cet engin, un monocoque propulsé par la force des jambes, Didier Bovard l'a construit de ses mains il y a une vingtaine d'années. Puis il l'a légèrement modifié en vue de sa prochaine expédition. En dessous, il a ajouté une bulle en polycarbonate lui permettant d'admirer les profondeurs du lac. L'idée est de s'immerger dans le Léman en se fondant dans le décor, sans perturber la faune, pour se retrouver en parfaite symbiose avec l'écosystème.

"Au début, je n'étais pas marin et je n'avais pas d'argent, mais j'avais la volonté", se rappelle ce petit-fils d'un marin breton. Sans connaître la mer, il a traversé l'Atlantique à bord de son hydrocycle, du Portugal aux Antilles, pour la première fois en 1998. De la Mer des Caraïbes au Golf du Mexique en passant par la descente du Détroit de Davis, il a depuis multiplié les exploits.

 

"Il y a une part de rêve"


Aujourd'hui, c'est au plus grand lac alpin qu'il compte s'attaquer avec son hydrocycle. L'explorateur engagé pour l'environnement compte le parcourir sous toutes ses coutures, en surface et en profondeur, pendant des semaines, probablement jusqu'en octobre, et mettre ses aventures au profit de la recherche scientifique. Grâce aux allées et venues de Didier Bovard, les chercheurs pourront avoir "une meilleure idée de ce qu'il se passe à l'échelle du lac".

Stéphan Jacquet, directeur de recherches à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), est l'un de ses fidèles soutiens. Ce projet "à la Jules Vernes", comme le décrit Didier Bovard, va lui permettre de découvrir le Léman grâce à des mesures jamais effectuées auparavant.

"Nous avons deux stations de référence sur le Léman, ce qui nous permet de mesurer certains paramètres sur des points fixes, explique-t-il. Ce projet nous permettra d'obtenir des mesures in situ, en direct, pour démontrer une nouvelle fois l'hétérogénéité du lac (...) Il y a une part de rêve, c'est une nouvelle manière d'explorer l'écosystème."

Température de l'eau, potentiel hydrogène (ph), chlorophyle... Plusieurs relevés vont être effectués grâce à des capteurs fixés sur l'hydrocycle qui va se muter en "support de recherches". Si le Léman est l'un des lacs naturels les mieux connus des scientifiques, "il y a toujours une part d'inconnu à découvrir". Ces nouveaux relevés seront croisés avec des données satellites pour alimenter les recherches de l'Inrae.

 

1 500 lieues sous les mers


Mais ce n'est que le préambule de l'aventure que Didier Bovard espère mener. En ligne de mire, le projet "Océanides" : une troisième traversée de l'Atlantique, mais cette fois à 1 500 lieues sous la mer. Un rêve directement inspiré de l'ouvrage écrit par Jules Verne. En autonomie complète et sans assistance, il veut rallier le Cap Vert à la Floride. Près de 6000 kilomètres qu'il compte boucler en une centaine de jours, pédalant 10 heures quotidiennement. Et en chemin, il effectuera des relevés de pollution pour l'Université de Bordeaux.

Le grand départ est prévu pour l'hiver 2020, mais avant de prendre la mer, il reste un défi de taille à relever : trouver des sponsors. "Avec la crise sanitaire, ça a compliqué les choses, concède l'explorateur. Mais quand j'ai une idée en tête, je ne la lâche pas." Outre l'aventure, c'est la sensibilisation à la cause environnementale qui motive Didier Bovard. Réaliser une traversée de l'Atlantique 100% écologique tout en mesurant la pollution des océans et, à son retour, sensibiliser les plus jeunes au défi climatique. Une étape de plus sur le tableau de chasse de l'explorateur, qui compte déjà 20 000 kilomètres à son compteur.

 
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