Malgré une baisse de rentrée d'argent enregistrée par les refuges en raison de la crise sanitaire, la Fédération française des clubs alpins de montagne a maintenu ses 3 millions d'euros d'investissement. Une somme qui servira en partie à construire le nouveau refuge de la Pointe percée.
Depuis quelques mois, les ouvriers sont à pied d'œuvre dans la chaîne des Aravis : la construction du nouveau refuge de la Pointe Percée a été lancée au printemps dernier. Il viendra remplacer l'actuel refuge, édifié à la toute fin de XIXe siècle et reconstruit en 1928 après avoir été détruit par le vent.
L’objectif de ces travaux est d’une part d’améliorer la qualité d’accueil. "On nous a demandé de donner au moins cinq mètres cubes par personne dans les zones de couchage, ce qui n'était pas le cas aujourd'hui. Donc l'effectif est très peu changé mais le confort, notamment en volume, est différent", explique Daniel Masson, architecte. D’autre part, le projet s’inscrit dans la volonté de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) de développer la pratique de la montagne "quatre saisons". En effet, le nouveau refuge sera ouvert durant neuf mois de l'année, contre cinq mois actuellement.
Une utilisation accrue des énergies renouvelables
Le nouveau refuge sera alimenté par des énergies renouvelables. "La totalité de ses besoins en électricité sera couverte par un champ photovoltaïque, explique Jérémy Ponge, assistant maître d'ouvrage FFCAME. En cas de secours il y a un groupe électrogène, mais uniquement en cas de secours."Les ouvriers installeront également des panneaux solaires thermiques, dont la chaleur captée sera utilisée pour le chauffage et l’eau chaude.
Des conditions de travail spéciales
Le chalet étant situé à 2164 mètres d'altitude, tous les matériaux doivent transiter par héliportage. Une contrainte qui exige une organisation sans faille : "s’il manque un élément, nous devrons attendre une semaine entière la rotation suivante, pour en disposer", explique Sébastien Dupraz, chargé d'affaires chez Francenergies.De même, pour les ouvriers, les conditions de travail sont un peu spéciales. Trois salariés passent toute la semaine sur le chantier. "Travailler en altitude, dans un espace où les conditions d’hébergements sont parfois rudimentaires, n’est pas anodin", concède Sébastien Dupaz.
Les refuges touchés par la crise sanitaire
La crise du coronavirus n'a pas épargné les refuges de montagne. Après quatre mois de fermeture au printemps, ils ont rouvert progressivement à partir du 2 juin mais avec des capacités réduites. "Ça veut dire moins de rentrée d'argent : plusieurs millions d'euros vraisemblablement, estime Nicolas Raynaud, président de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne. Je ne peux pas encore faire le bilan puisque les refuges sont encore ouverts."Malgré tout, la fédération a tenu à maintenir "un niveau élevé d'investissements sur l'ensemble des massifs français". Trois millions d’euros seront investis en 2020 dans la rénovation ou la construction de quatre refuges : le refuge du Couvercle, de la Pointe Percée, de Campana de Cloutou et celui du Lac du Pavé. 1, 25 millions sera consacré à celui de la Pointe-Percée, dont le coût global s’élève à 2,5 millions d’euros. Le nouveau refuge ouvrira ses portes en 2022.
Retrouvez notre reportage réalisé par Marion Feutry et Maxime Quemener :