Quatre femmes et quatre hommes, des Grenoblois de 18 à 25 ans, ont été arrêtés par les gendarmes de Bonneville. Ils ont été mis en examen pour violences et dégradation avec armes. En avril, ils avaient canardé un immeuble d'une cité de Bonneville après s'être disputés avec un habitant.
"Expédition punitive", c'est en ces termes que les suspects décrivent leur folle virée du mercredi 3 avril 2013. Car c'est bien une vengeance qui a conduit ce groupe de huit jeunes personnes à venir canarder un immeuble et des voitures dans le quartier de Bois de Jolivet. Leur cible, un homme d'une quarantaine d'années avec lequel certains avaient eu maille à partir quelques heures plus tôt.
Tout avait en fait commencé à la maison d'arrêt de Bonneville, située juste à côté de la cité où la fusillade s'est produite. Une jeune grenobloise de 20 ans vient rendre visite à son compagnon. A l'extérieur, elle est attendue par le frère du prisonnier et deux amis. Les trois jeunes hommes boivent de l'alcool. Arrive alors une adolescente de 17 ans. De "mauvais regards" sont visiblement échangés et la jeune fille est menacée, ou se sent menacée. Rentrée chez elle, elle prévient son père. Ce dernier vient s'expliquer avec les trois jeunes. Une dispute éclate, on se menace avec des bouteilles, avec un couteau ou un tournevis. Mais aucun coup n'est porté. Chacun rentre chez lui.
Quelques heures plus tard, vers 23 heures, les quatre Grenoblois reviennent dans la cité pour "laver l'affront". Cette fois, ils sont accompagnés. Huit personnes au total - dont quatre filles. Armés de gros calibres, fusils à canon scié, pistolets automatiques, carabines, ils tirent à grosses rafales sur la voiture et sur l'immeuble de l'homme avec lequel ils s'étaient disputés. Radiateurs percés, balles tirés dans des vitres, les dégâts sont nombreux. Une femme dans sa cuisine a juste le temps de se jeter à terre avec sa fille, pour échapper aux balles.
La fusillade ne fait pas de blessés, un miracle. Les jeunes repartent à bord de leurs grosses berlines, à toute allure, près de 200km/h. Gyrophares bleus sur le toit, brassards de police sur le bras. Ce sont les filles qui conduisent.
La Brigade de Bonneville se lance à la recherche des membres du "commando". Quelques mois plus tard, sept d'entre eux sont interpellés dans l'agglomération de Grenoble. Deux venaient de sortir de prison, l'un pour séquestration et violence, l'autre pour trafic de drogue et complicité de meurtre. D'autres encore avaient des casiers pour braquage ou vol. Au cours des perquisitions, de nombreuses armes et plusieurs centaines de munitions ont été saisies.
Les quatre tireurs ont été placés en détention provisoire. Ils encourent dix ans de prison.
Les trois filles ont été placées sous contrôle judiciaire pour avoir chargé les armes, fait le guet et exhorté leurs compagnons à tirer. La quatrième a été interpellée puis libérée, cette jeune fille était montée en voiture avec eux, sans savoir ce qu'ils avaient prévu de faire ce soir-là.