Ceux qui présageaient la mort des entreprises de fabrication de sacs plastique se sont trompés. Depuis la loi sur la transition énergétique, des entreprises se sont adaptés à la nouvelle règlementation. Exemple en Haute-Savoie.
Les sacs plastique n'ont pas encore disparu, bien au contraire. Dans l'usine "Cogne et Fils" de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie), les
machines tournent à plein régime. Ce sont même 16.000 sacs qui sont fabriqués chaque jour depuis le 1er juillet, date de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi qui interdit la distribution dans les commerces de sacs plastique de moins de 50 micromètres d'épaisseur (soit 0,05 millimètres).
L'adaptation à la nouvelle réglementation s'est traduite par une hausse de la consommation en matières premières. On en utilise désormais 250kg pour fabriquer 10.000 sacs. Auparavant, lorsque rien n'interdisait la fabrication de sacs très fins, on obtenait le même nombre de sacs avec seulement 100kg.
En début d'année, les fabricants de sacs plastique étaient inquiets sur l'application de la loi. Bruno Guely, qui possède une entreprise à Tullins (Isère), craignait même de devoir mettre la clé sous la porte. "Cette loi, c'est une aberration, expliquait-il en janvier. Nos clients ne sauront plus comment faire."
Chez Cogne et Fils, il a donc fallu rassurer les clients qui pouvaient redouter une interdiction complète des sacs plastique. Pierre Cogne, gérant de l'entreprise, a prévenu individuellement "2.200 à 2.300 de [ses] clients par téléphone ou par courrier, pour leur expliquer ce qu'ils avaient le droit de faire et leur proposer les nouveaux produits autorisés".
Reportage de Cédric Picaud, Christian Mathieu et François Hubaud.
L'usine produit moins de sacs, mais le marché est devenu plus favorable aux entreprises françaises. "Le rapport matière première - main d'œuvre s'est inversé", détaille Pierre Cogne, et les sacs plastique vendus par les entreprises françaises se révèlent plus intéressants que ceux venus de Chine. L'usine Cogne et Fils a même gagné de nouveaux clients et vend davantage de sacs non imprimés.
Que dit la nouvelle loi?
La loi sur la transition énergétique entrée en vigueur le 1er juillet 2016 interdit de mettre à disposition en caisse, de façon gratuite ou payante, les sacs plastique d'une épaisseur de plus de 50 micromètres (ou microns). Cette interdiction s'applique également aux sacs biodégradables et concerne aussi bien les supermarchés que les commerces de proximité, les pharmacies ou les stations-essence.Mais la loi n'interdit pas l'usage des sacs plastiques réutilisables de plus de 50µ d'épaisseur, les sacs pour emballage alimentaire (boucherie, poissonerie, pesée des fruits et légumes en supermarché) ni les sacs fabriqués avec d'autres matériaux, comme le tissu, le carton ou le papier.
L'interdiction devrait s'étendre à partir du 1er janvier 2017 aux sacs distribués ailleurs qu'en caisse, par exemple dans les rayons des supermarchés ainsi qu'aux emballages plastiques ni biodégradables, ni compostables qui sont utilisés pour l'envoi de la presse et de la publicité. En 2020, c'est la vaisselle en plastique non compostable qui devrait être interdite.