Les zones de sécurité prioritaires ont été créées par le gouvernement, à l’automne 2012, pour prendre en compte des enjeux de sécurité bien précis. A l'heure où de nouvelles ZSP sont annoncées, l'agglo d'Annemasse, marquée par la transfrontalité, dresse un premier bilan, un an après.
"Je pensais qu'on avancerait, mais je ne pensais pas qu'on avancerait aussi rapidement", se félicite Anne Coste de Champeron, la directrice de cabinet du préfet de Haute-Savoie, soulignant l'engagement des forces de l'ordre sur le terrain.
Plus d'hommes, plus de moyens: 13 postes supplémentaires pour la Police Nationale et la Police Municipale sur l'ensemble de l'agglomération, et des patrouilles de CRS en renfort 5 fois dans l'année. Résultat, les cambriolages et les vols à main armée auraient baissé de 40%.
Coeur de cible, les réseaux
Le principal fléau contre lequel la police annemassienne doit lutter au quotidien, c'est le trafic de stupéfiants. L'héroïne, notamment, n'a jamais été aussi présente que depuis deux ans, à cause des filières albanaises notamment.
Exemple de l"'effet ZSP", le démantèlement au mois d'octobre d'un vaste réseau de cocaïne lié au grand banditisme français, depuis un bar nommé Le Perroquet. La police d'Annemasse a ainsi procédé à l'interpellation de 16 personnes et à la mise en examen de cinq d'entre elles. Pour mener à bien cette opération dite "Papagaï" (perroquet en allemand), elle a fait appel au GIR de Lyon. Cette demande de renfort (10 à 20 hommes) a été possible en à peine 48 heures, alors qu'elle prenait parfois des mois avant les ZSP. Dans le même registre, il y a eu l'opération "Albagistique" qui a permis de stopper un trafic d'héroïne pure.
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Ce serait l'atout majeur du "sésame" ZSP, la coordination rapide des moyens extérieurs, la collaboration avec la gendarmerie, le GIPN, le GIR, la Police judiciaire, la douane, les gardes-frontières suisses... En 2012, la police d'Annemasse était en sous-effectif de 10%. Difficile dans ces conditions de combattre des bandes ultra organisées.
Cette année, la police a eu également raison des "Jovanovic", près d'une centaine de jeunes cambrioleuses originaires des Balkans. Par équipe de deux (une majeure et sa "disciple" mineure), elles sévissaient depuis des années. Reconnaissables par leurs jupes à fleurs, elles s'étaient depuis modernisées, leurs sacs remplis de tournevis et de chaussettes pour emporter les bijoux. Chacune avait une dizaine d'identités différentes, dont le nom Jovanovic.
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Des zones sous haute-surveillance
En Haute-Savoie, la ZSP dite d'Annemasse couvre aussi Gaillard et Ambilly. Des secteurs marqués par les trafics et les transits de drogue. Deux objectifs prioritaires ont été tracés pour ces zones particulières:
- la lutte contre divers trafics transfrontaliers de drogue et l'économie souterraine qu'ils entraînent
- la lutte contre la délinquance liée aux réseaux internationaux (et notamment balkaniques) exploitant la misère humaine (mendicité agressive, cambriolages, prostitution, travail dissimulé...)
Les résultats en ZSP d'Annemasse en quelques chiffres
Les saisies de stupéfiants :En un an, les saisies ont été multipliées par dix. Pour une ville moyenne de 80.000 habitants telle qu'Annemasse, elles devraient être de quelques grammes de drogue seulement dans l'année.
- 5 kg de cocaïne
- 3,5 kg d'héroïne
- 19 kg de résine de cannabis
- 90 kg de plants de cannabis
Les saisies d'argent :
Par rapport à l'année précédente, elles ont été elles aussi multipliées par dix.
- 90.000 euros en numéraires, sans compter la saisie de voitures de luxe et de bijoux;
Les vols :
- les vols simples : - 57%
- les dégradations de véhicules : - 27%
- les vols de véhicules : -10%
- les vols de deux roues : - 7%
- les vols d'accessoires sur les voitures : - 36%
- les incendies de véhicules : - 9%