Michaël Blanc a été remis en liberté conditionnelle, ce lundi 20 janvier. "Super! Je suis dehors", c'est avec un large sourire que le Haut-Savoyard a accueilli sa liberté retrouvée, après 14 ans dans les geôles indonésiennes. "14 ans, oui, ça fait 14 ans!".
Michaël, 40 ans, est sorti en milieu de journée de la prison de Cipinang, à Jakarta, mais ce n'est qu'après de longues heures de formalités administratives qu'il a enfin pu apprécier sa liberté. A la nuit tombée, tandis que le chant du muezzin résonnait dans la touffeur indonésienne, le Haut-Savoyard est arrivé dans la modeste demeure occupée par sa mère, Hélène Le Touzey, qui a tout abandonné il y a 14 ans pour courir au secours de son fils.
"La maison est vachement bien. Et ma chambre, ça va me changer de ma cellule!", lance-t-il dans un rire. C'est ici que l'ancien détenu devra rester jusqu'à la fin de sa peine le 21 juillet 2017, plus une année de probation. Il ne pourra pas rentrer en France.
"C'est mieux que rien, on fait avec", lance-t-il un peu dépité, tandis que sa mère disait "espérer de tout son coeur" que la loi changerait pour permettre un transfèrement de Michaël en France afin d'y purger sa peine. Même en Indonésie, Michaël "espère" malgré tout revoir bien vite le reste de sa famille. "On va essayer un skype ce soir", dit-il, visiblement pressé. "Je suis heureuse, heureuse, heureuse", a lancé Mme Le Touzey, n'arrivant plus à trouver ses mots sous le coup de l'émotion.
"Je lui dois tout", reconnaît Michaël
"Si je n'avais pas été là, il ne serait plus là", a admis Mme Le Touzey. "Un moment, il m'avait demandé de partir pour pouvoir en finir avec la vie. Il me disait que je n'arriverais jamais à avoir sa libération", dit-elle la voix nouée.
Frêle sexagénaire aux yeux bleus cernés par ses années de combat, cette Mère Courage avait entamé dès 2011 le dossier de libération conditionnelle de Michaël mais tout se bloquait sur une loi indonésienne qui interdisait l'octroi d'un titre de séjour à un étranger repris de justice. De ce fait, les étrangers théoriquement libérables après avoir effectué les deux tiers de leur peine n'étaient pas relâchés, à la différence des Indonésiens. "Je ne pouvais pas accepter cela. La loi doit être la même pour tous", explique Mme Le Touzey. "Ça n'a pas été facile", se souvient-elle. Mais elle a finalement réussi à faire sauter ce verrou, une première dans l'histoire récente de l'Indonésie.
Ce combat, elle l'a mené "pas seulement pour Michaël mais pour tous les détenus étrangers" déjà libérables. "Il fallait que quelqu'un ouvre les portes", dit-elle. Et cette lutte-là, elle ne l'abandonnera pas, même après la libération de son fils: "Je ne vais pas les laisser tomber".