Poursuivis pour avoir sous-estimé la dangerosité du passage à niveau d'Allinges, la SNCF et Réseau Ferré de France ont plaidé la relaxe ce vendredi 12 avril. Pour les avocats des entreprises publiques, le passage à niveau relève de la voirie et donc n'est pas de leur ressort.
En matinée, Maître Michel Bertin, avocat de la SNCF a d'abord affirmé que l'entreprise ferroviaire n'avait "jamais été alertée de la dangerosité de ce passage a niveau". Le défenseur a martelé un argument "la SNCF, c'est 15.000 trains par jour et 1,6 milliards de passagers par an transportés en toute sécurité".
Me Bertin a aussi souligné que la SNCF n'était "pas en charge de la voirie" (...) "le passage à niveau n'est que le prolongement d'une route". "A qui incombe la sécurité routière? Au maire, au préfet, au conseil général", a-t-il dit. Ces autorités "qui ne sont pas aujourd'hui devant votre salle d'audience alors qu'ils devraient y être (...) manquent à ce procès", a regretté l'avocat.
L'avocat de la SNCF a aussi accablé le chauffeur du car: "j'ai du respect pour M. Prost et le courage dont il a fait preuve. (Mais) s'il ne s'était pas arrêté une seconde fois sur le passage à niveau, il n'y aurait pas eu d'accident".
Michel Bertin a demandé, au final, au tribunal "d'avoir le courage" de relaxer la SNCF, reconnaissant par avance que cela susciterait "une déception pour les parties civiles" et "une certaine incompréhension médiatique".
En début d'après-midi, Maître Thierry Dalmasso, avocat de Réseau Ferré de France (RFF) est venu à son tour plaider la relaxe de l'entreprise propriétaire des voies. S'adressant au représenant du parquet: "Monsieur le procureur vous n'avez cessé de douter de notre culpabilité, notre mise en examen serait-elle opportuniste?". L'avocat s'en est aussi pris au Conseil général de la Haute-Savoie, estimant que "c'est la configuration générale du passage à niveau qui le rend dangereux. Il s'agit donc d'un problème de voirie".