CEVA aura deux ans de retard, c'est officiel depuis le 26 mars. Aujourd'hui, l'extrême-droite suisse veut convoquer le Parlement en session extraordinaire: le retard aurait été caché pendant six mois et le coût bondirait d'un milliard de francs suisses, soit plus de 820 millions d'euros!
Fin 2019, plutôt que fin 2017. La date de livraison de CEVA, RER transfrontalier reliant Genève à Annemasse, a été repoussée de 21 mois (pour le moment). L'information était devenue officielle le 26 mars dernier, une semaine seulement après l'annonce, -heureuse cette fois-, de la signature d'une convention franco-suisse pour l'exploitation de la ligne.
Aujourd'hui, le Mouvement Citoyens Genevois (MCG) et l'Union démocratique du centre (UDC) veulent convoquer le Grand conseil. Les deux partis d'extrême-droite, qui disposent de 31 sièges au Parlement suisse, doivent réunir 30 signatures pour que, selon la Constitution, tous les députés soient convoqués en session extraordinaire. Les deux partis estiment que la confiance est rompue entre eux et la présidence du Conseil d'Etat, tant sur le plan de la communication que sur le plan financier.
Un milliard de surcoût ?
Reste la question du coût. Le devis initial était de 954 millions de francs suisses. Il a déjà été augmenté de 50% pour atteindre 1,6 milliards. Or dans un communiqué publié ce lundi 14 avril, le MCG évoque un nouveau surcoût... d'un milliard de francs suisses (environ 823 millions d'euros).Une estimation dont on ne connaît pas les fondements. Un élément vient d'ailleurs relativiser toute estimation: le dit retard n'implique pas de blocage généralisé. Selon le président du Conseil d'Etat qui s'est exprimé dans Le Temps, certains tronçons pourraient ouvrir dès 2018. La mise en service se ferait par étapes et débuterait du côté français.
Difficultés techniques inattendues
Révélé d'abord par Le Temps, le retard du CEVA a été officialisé le 26 mars dernier. En cause, des recours en Justice de la part des riverains et des difficultés techniques inattendues au moment de différents forages.Reportage de Serge Worreth et Jean-Pierre Rivet

Secret politique ?
Le retard dans les travaux a-t-il été caché pour des raisons politiques? C'est ce qu'ont déduit nos confrères du quotidien suisse Le Temps des notes du Comité de pilotage qu'ils se sont procurés. Selon eux, le gouvernement aurait jugé que l'annonce du retard aurait eu des conséquences négatives sur le plan décennal d'investissement et sur la votation du 9 février portant sur le financement et l'aménagement de l'infrastructure ferroviaire (FAIF). Il aurait donc reporté de six mois l'annonce du retard.Dans Le Temps, le Président du Conseil d'Etat suisse a démenti. Selon François Longchamp, le retard de deux ans n'est devenu un fait avéré qu'en février 2014, soit quelques semaines seulement avant l'annonce officielle. Le 6 décembre, le Conseil savait - mais ne l'a effectivement pas dit - que 12 mois de retard avaient été pris à cause de divers recours formés dans le riche quartier de Champel, où devait être construit un tunnel. Mais ce n'est qu'en février, en découvrant des difficultés techniques pour creuser ce tunnel, qu'il a compris que le retard serait plus important et irrattrapable.