Cyclotouriste ? Cycliste amateur ? Même pas. Thibaut Rivière aime bien le cyclisme, c'est tout. Pourtant ce Parisien vient d'achever en Haute-Savoie son premier Tour de France à vélo avec trois jours d'avance sur le peloton. Et tout ça pour le simple bonheur de "réaliser un rêve".
"Je ne suis pas le plus rapide mais j'arrive en tête et je ne me suis pas fait doubler", sourit le jeune homme à la barbe drue et aux lunettes à monture épaisse. Parti le jeudi 27 juin de Porto-Vecchio en Corse, Thibaut a parcouru pendant 3 semaines chacune des étapes du Tour, soit quelque 3.000 km au total. Il a même fait "quelques kilomètres de plus" à chaque fois pour "éviter les routes dangereuses" ou rejoindre son camping.
Pari gagné
Au départ, l'idée est née d'un pari lancé par une amie. Depuis le mois de mars, Thibaut est sans activité et travaille à la création d'un cabinet de conseil aux entreprises de sport. "Une amie m'a dit: toi qui aimes le cyclisme, tu n'as qu'à faire le Tour de France", raconte-t-il. Après un temps d'hésitation, le jeune Parisien originaire de Montpellier, se lance dans la course. "Pas pour la performance mais pour réaliser un rêve et l'écrire dans mon CV", confie celui qui n'avait "jamais grimpé un col de sa vie"."Pour moi le cyclisme, c'était la balade et quelques courses en amateur parce que j'aimais bien l'ambiance", raconte-t-il. L'entreprise se veut donc "décontractée et ironique" à l'image du ton adopté sur sa page Facebook où chaque étape de la Grande Boucle est documentée avec force photos et vidéos.
Arrivée à 23H30 au Mont Ventoux
A part quelques crevaisons et une chute sans gravité dans une descente entre Montpellier et Albi, Thibaut Rivière n'a pas eu "de gros pépin". Pédalant environ deux fois moins vite (20 km/h en moyenne) que le Tour de France, cherchant sa route sur son iPhone, le cycliste solitaire a passé deux fois plus de temps que les pros sur sa selle.Pour la 15e étape, il est arrivé à 23H30 au sommet du Mont Ventoux. "J'ai fait quasiment toute la montée de nuit, c'était magique mais très compliqué", dit-il. Rebelote au Grand Bornand ce mercredi où il est arrivé à 23H00 après avoir failli percuter un renard sur sa route. "Heureusement pour lui, je ne vais pas aussi vite que Froome car je l'aurais coupé en deux!", plaisante-t-il sur sa page Facebook.
Question dopage, il assure se contenter de barres de céréales, de bananes et d'abricots et se passer de boissons énergisantes. "Je veux prouver que c'est faisable à l'ancienne", dit-il.
Fier de son exploit, Thibaut Rivière n'a pourtant pas échappé à la déception d'une fin de course tronquée jeudi soir. Pour la première fois, il a dû abandonner avant la fin de l'étape, au pied de la montagne du Semnoz, près d'Annecy, à cause d'un orage et d'une chaîne cassée. Il n'ira pas non plus défiler sur les Champs Élysées pour la dernière étape. "C'est là où je travaillais pendant trois ans, je connais par coeur", explique-t-il. "Et puis en termes de kilomètres, j'ai fait le job."