Dans l'enquête sur la tuerie de Chevaline, le policier municipal, interpellé ce mardi à Talloires, est toujours en garde à vue à Chambery. Les enquêteurs procèdent à l'audition de ses proches. Cet homme présente une forte ressemblance" avec le portrait-robot d'un motard aperçu le jour du drame.
La famille et les proches de l'ancien policier municipal, en garde à vue depuis ce mardi dans l'enquête sur la tuerie de Chevaline (Haute-Savoie), doivent être entendus ce mercredi, selon une source proche de l'enquête.
Cet homme de 48 ans, père de trois enfants et "sans "lien direct" avec les protagonistes du drame, a été interpellé ce mardi vers 10H00 alors qu'il sortait de sa maison de Talloires, un village voisin bordant le lac d'Annecy.
De nombreuses armes ont été saisies lors de la perquisition de son domicile et les enquêteurs ont d'ores et déjà établi que l'examen de son téléphone portable situait ce suspect dans la zone de la tuerie au moment des faits, le 5 septembre 2012.
Pas d'éléments "déterminants" pour l'instant
Pour autant, les gendarmes ne disposaient pas mardi soir "d'éléments déterminants" pour confondre ce suspect, selon une autre source proche de l'enquête."Son interpellation qui ne restera peut-être pas unique, est le fruit des témoignages recueillis notamment après la diffusion le 4 novembre 2013 du portrait-robot d'un motard vu à proximité de la scène de crime et recherché activement par les enquêteurs", a dit le procureur d'Annecy, Eric Maillaud. Selon lui, cet ancien policier municipal de Menthon-Saint-Bernard, entendu par la section de recherches de Chambéry, présente "une forte ressemblance" avec ce portrait-robot d'un homme portant un casque de moto et un bouc.
Conférence de presse du procureur à 14h00
Le procureur Eric Maillaud doit préciser, lors d'une conférence de presse à Annecy, à 14H00, ce que la justice reproche à cet homme de 48 ans, sans "lien direct" avec les protagonistes du drame. "A cette heure, il n'y a pas de lien évident avec Chevaline", soulignait une source judiciaire mercredi matin.La ressemblance du suspect avec ce mystérieux motard faisait d'ailleurs l'objet de moqueries au café où il avait ses habitudes à Menthon-Saint-Bernard, commune voisine où il travaillait et habitait jusqu'à sa révocation de la police municipale en juin dernier. A cette date, il a perdu aussi son statut de réserviste de la gendarmerie, qu'il était depuis 2001, selon une source proche de l'enquête.
Des armes de collection ont été saisies au nouveau domicile de cet homme à Talloires, dont le jardin a été passé au détecteur de métaux par les gendarmes. Peut-être pour tenter de retrouver le Luger utilisé par le tueur, un modèle ancien. L'examen du téléphone portable du suspect a permis aussi de le situer dans la zone de la tuerie de Chevaline au moment des faits.
D'après un voisin, les gendarmes ont en outre mis la main mardi sur une moto gris clair de petite cylindré. Une moto noire était stationnée mercredi matin sous une bâche jaune devant le garage du suspect, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon des informations de presse, non confirmées par le parquet, un Luger, de calibre différent à celui de la tuerie, a été saisi, de même qu'un casque correspondant à celui du portrait-robot.
Première arrestation en France
En septembre, dressant le bilan d'un an d'investigations, ils avaient indiqué que 4.000 appels téléphoniques avaient été passés par des relais proches de la scène de crime dans le créneau de la tuerie. Quant au casque du motard recherché, un modèle GPA qui a équipé les gendarmes dans les années 2000, doté d'une ouverture latérale au niveau de la mentonnière et de couleur sombre, quelque 8.000 exemplaires en ont été vendus.Un retraité venu rendre visite à l'épouse du suspect ce mercredi matin l'a décrit comme "un mec très bien" avec lequel il chassait, ce qui pourrait expliquer sa passion pour les armes. Pour lui, rien d'étonnant à ce que son téléphone ait été repéré à Chevaline car ses beaux-parents habitent dans le secteur.
Cette arrestation, la première en France dans cette affaire, intervient alors que la justice privilégiait jusqu'ici la piste d'un conflit familial autour d'un héritage disputé.
Le 5 septembre 2012, en vacances dans la région, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne travaillant dans l'aéronautique et la défense au Royaume-Uni, sa femme de 47 ans et sa belle-mère de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.
Un cycliste français, Sylvain Mollier, 45 ans, considéré comme une victime collatérale, avait aussi été abattu. Zainab, 7 ans, la fille aînée du couple al-Hilli, avait été grièvement blessée, tandis que sa soeur cadette Zeena, cachée sous les jambes de sa mère pendant plusieurs heures, était miraculeusement sortie indemne de la tuerie.
En juin, la police anglaise avait arrêté Zaïd al-Hilli, 54 ans, frère de Saad, soupçonné d'avoir fomenté le quadruple meurtre. Relâché rapidement, il clame depuis son innocence.