Tuerie de Chevaline : un an d'enquête et toujours pas de coupable

Le 5 septembre 2012, quatre personnes étaient découvertes mortes sur une petite route forestière de Haute-Savoie. Depuis, des milliers de documents ont été épluchés, des centaines de témoins entendus, mais l'affaire de la tuerie de Chevaline n'a toujours pas été élucidée.

Tout a commencé ce mercredi de septembre. Il est 15H30 quand un cycliste britannique, Brett Martin, aperçoit au bout de la petite route forestière de la Combe d'Ire un vélo couché à terre, une BMW, moteur en marche, et une petite fille en sang, qui titube puis s'effondre. Pensant d'abord à un accident de la route, il réalise vite qu'il s'agit d'autre chose.

Dans la voiture, le conducteur et ses deux passagères sont morts, atteints de plusieurs balles dans la tête. La petite fille a survécu à une balle dans l'épaule et souffre de graves blessures au crâne. Enfin, le cycliste gît à terre, le corps criblé de balles. "Ça ressemblait à un film d'Hollywood", confiera Brett Martin un peu plus tard.

Une deuxième fillette, indemne, sera retrouvée recroquevillée sous les jambes de sa mère, plus de huit heures après la tuerie. La scène de crime avait été "gelée" jusqu'à l'arrivée, dans la nuit, des techniciens parisiens de la gendarmerie.

Des victimes au profil particulier

Cette affaire hors du commun suscite immédiatement un immense intérêt des médias, interpellés notamment par la personnalité peu banale des victimes.
Le chauffeur de la voiture, Saad al-Hilli, 50 ans, tué avec sa femme et sa belle-mère, 47 et 74 ans respectivement, est un ingénieur britannique d'origine irakienne travaillant dans l'aéronautique et la défense, deux secteurs sensibles.

Le cycliste français tué, Sylvain Mollier, 45 ans, travaille lui pour une filiale du groupe nucléaire français Areva. Quant au cycliste britannique ayant découvert les corps, c'est un ancien pilote de la Royal Air Force...

La presse ne tarde pas à élaborer les scénarios les plus fous tandis que gendarmes français et policiers britanniques enquêtent tous azimuts, faute de piste évidente. Ils visitent les hôpitaux psychiatriques de la région, en quête d'un hypothétique tueur fou, adressent une commission rogatoire à l'Irak, creusent la piste de la profession de Saad al-Hilli et s'assurent que le cycliste français n'était pas la cible du ou des tueurs.

Saad avait peur de son frère"

Mais c'est finalement la piste familiale, apparue dès le lendemain de la tuerie, qui suscite le plus d'intérêt. Saad al-Hilli était en effet en conflit avec son frère Zaïd au sujet de l'héritage de leur père, portant sur plusieurs millions d'euros.

Zaïd avait tenté de spolier son frère en faisant rédiger à son père un testament déshéritant Saad. Il avait aussi essayé, en vain, de retirer de l'argent sur un compte suisse de son père avec une carte bancaire périmée.

"Saad avait peur de son frère. C'est pour ça qu'il avait changé les serrures de sa maison" à Claygate dans la banlieue de Londres, explique Éric Maillaud, procureur de la République à Annecy. Fin juin, Zaïd al-Hilli a été placé en garde à vue pendant 36 heures dans le Surrey mais n'a pas dit un mot. Son domicile a été perquisitionné. Relâché faute de charges suffisantes, il a été placé sous contrôle judiciaire.

"Il ne coopère pas, ce qui intrigue d'autant plus", remarque Eric Maillaud. "Mais si cette piste est intéressante, ce n'est pas la seule", tempère-t-il. Les enquêteurs s'intéressent aussi aux intérêts économiques et financiers de la famille al-Hilli en Irak. Mais la situation précaire du pays empêche les juges d'instruction de se rendre sur place.

Les enquêteurs essaient en outre d'identifier la totalité des personnes entrées en contact avec la famille al-Hilli, ainsi que tous ceux qui ont déclenché un relais de téléphonie mobile près du lieu du crime. "Cela représente des milliers de personnes", souligne le procureur.
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