C'était le 5 septembre 2012, il y a sept mois tout juste. Une famille de vacanciers anglais était partiellement décimée sur un parking forestier à Chevaline en Haute-Savoie. Depuis, une centaine de gendarmes et des policiers anglais enquêtent...en vain.
Saad al-Hilli, un Anglais d'origine irakienne de 50 ans, sa femme Iqbal, 47 ans, sa belle-mère Suhaila al-Allaf, de nationalité suédoise, 74 ans, tous ont été tués par balles dans leur voiture. Sylvain Mollier, un habitant d'Ugine, est, lui, retrouvé gisant près du véhicule. La fille aînée de la famille britannique, Zainab, 7 ans, est grièvement blessée. Sa petite sœur, Zeena, 4 ans, est retrouvée huit heures plus tard sous les jambes de sa mère.
"Il y avait beaucoup de sang et des têtes trouées par des impacts de balles… Ça ressemblait à un film d'Hollywood", confiera à la télé anglaise William Brett Martin, ancien pilote de la Royal Air Force disposant d'une résidence secondaire près d'Annecy et qui a découvert la scène de crime.
7 mois plus tard, des dizaines de pistes explorées et près de 650 témoins entendus, l'enquête est au point mort.
La liste (incomplète) des pistes
Tueur fou ou tueur à gages?
Le profil de l'assassin demeure mystérieux. On sait seulement qu'il a exécuté chacune de ses victimes de deux balles dans la tête, tirant à travers les vitres de la voiture. Il aurait ensuite achevé le cycliste, Sylvain Mollier. Peut-être à court de munitions, le tueur s'en serait pris à Zainab en la frappant à la tête avec la crosse de son arme. L'arme utilisée, un ancien Luger PO-6, intrigue toujours. Il s'agit d'un pistolet que l'armée suisse avait en stock dans les années 30.
Un tueur qui n'a laissé aucune trace génétique sur les lieux du drame.
La dernière audition
Zaïd al-Hilli, frère de Saad al-Hilli, a de nouveau été entendu par la police britannique fin mars. Parmi les pistes envisagées par les enquêteurs figure celle du litige familial entre Saad al-Hilli et son frère Zaïd à propos de l'héritage de leur père. Une porte-parole de la police du Surrey a toutefois expliqué à l'Agence France Presse: "nous avons des contacts réguliers avec lui en tant que plus proche parent de l'une des victimes. Il n'y a rien de plus que cela. Il n'a jamais été ni arrêté ni considéré comme un suspect".
La piste irakienne
Fin novembre, une commission rogatoire internationale a été adressée à l'Irak mais, depuis, personne n'a répondu aux juges d'Annecy qui ont fait cette demande. Ils souhaitent pourtant en savoir plus sur les raisons de la fuite du père de Saad al-Hilli dans les années 1980, alors qu'il était un industriel reconnu en Irak.
On sait seulement que ce père était titulaire d'un compte en Suisse ouvert en 1984 créditeur de 968 000 euros. La presse anglaise a rapidement fait le lien entre cette somme et la fortune envolée de Saddam Hussein. Cette thèse a rapidement été renvoyée aux oubliettes par la justice française.
Des données stockées aux Etats-Unis
Une commission rogatoire internationale a également été adressée aux États-Unis pour consulter, via les hébergeurs Internet, l'intégralité des contenus des boîtes mails des victimes. La justice américaine n'a toujours pas donné son accord.
La thèse d'un déséquilibré
Des commissions rogatoires ont aussi été adressées à la Suisse et à l'Italie, deux "voisines" de la Haute-Savoie pour savoir si un dément n'aurait pas disparu au moment des faits. Des enquêtes ont bien été menées dans ce sens pendant des mois, sans rien donner. En janvier, tous les regards se sont braqués sur Daillon, dans le canton suisse du Valais, mais l'auteur de cette autre tuerie a été mis hors de cause.
Un temps évoqué, la thèse du fils de la belle-mère de Saad al-Hilli, un schizophrène interné plusieurs fois pour violence, a aussi été abandonnée, l'homme étant hospitalisé en service psychiatrique au moment des faits.
Des recherches en Espagne
Les juges ont aussi sollicité l'Espagne, où le père de Saad al-Hilli est décédé. Là encore, rien de neuf.
La profession de Saad al-Hilli
Saad al-Hilli travaillait notamment depuis novembre 2010 pour une filiale d'EADS spécialisée dans la conception de satellites en 3D. L'enquête n'a rien donnée.
La piste Sylvain Mollier
Sylvain Mollier, le cycliste savoyard, a aussi été imaginé comme "détonateur" de cette tuerie. Le mobile du désaccord avec sa belle-famille, au sujet de l'héritage d'une pharmacie, n'a pas tenu longtemps, le cycliste tué et sa compagne n'étant pas mariés. "À 99,9 %, il n'existe pas de lien entre Sylvain Mollier et le meurtre de la famille al-Hilli", a rapidement précisé le procureur de la République d'Annecy.
On a tout entendu...
De son côté, la presse britannique a osé toutes les pistes en 7 mois, celle des services secrets, celle du car-jacking qui aurait mal tourné, celle du tueur en série...