Huit jours après la mort d'un saisonnier et de sa petite amie à La Clusaz, une cérémonie était organisée ce samedi 12 janvier dans la station. Thomas et Margaux ont péri dans l'incendie de leur fourgonnette, sur un parking.
Le cortège de 150 personnes a défilé en matinée dans les rues de La Clusaz, très silencieux. Les parents du jeune couple, leurs amis, leurs collègues de travail, leurs voisins qui vivaient juste à côté dans leurs camions, se sont ensuite arrêtés sur les lieux du drame, pour rendre hommage à Thomas et Margaux morts à 20 et 17 ans.
La mère de Thomas a tenu à préciser que si son fils vivait dans un camion aménagé, il n'était pas pour autant un marginal, mais un jeune homme épris de liberté: "c'était son rêve, depuis l'âge de 16 ans, de vivre comme ça, libre. Il ne voulait pas suivre le schéma classique 'métro-boulot-dodo', et il était très heureux comme ça. Dans la station, il avait trouvé une vraie communauté, une écoute, des gens chaleureux..."
La colère couve aussi, derrière les larmes. La mère de Margaux raconte: "on lui avait offert un ordinateur portable, mais elle n'avait pas voulu l'emporter. Elle m'a dit: maman, le panneau solaire ne suffit pas, y'a pas assez de soleil". Là où le camion du jeune couple était installé, au cœur de la forêt, avec une dizaine d'autres véhicules d'habitation, il n'y avait en effet ni eau, ni électricité... ni soleil.
C'était presque un drame prévisible, voilà le sentiment de Thibault, lui aussi saisonnier, ami et voisin de Thomas: "on ne voulait pas aller dans ce chemin, qui n'est même pas un parking. ça fait longtemps qu'on dit qu'il y a des risques, mais on nous a parqué ici comme des animaux. Et on n'est toujours pas écoutés..."
Le préfet de la Haute-Savoie s'est engagé, ce samedi, à oeuvrer pour la sécurité des saisonniers dans les stations. Mais, au cours de cette marche, aucun élu local, ni représentant de l'Etat... Il faut dire que dans le même temps, à La Clusaz, un grand télésiège débrayable était inauguré, en grande pompe. A quelques mètres à peine du téléski où travaillait Thomas.