"L'humiliation n'est pas une forme d'éducation" : des écolières genevoises refusent qu'on leur dise comment s'habiller

Des centaines d'écolières ont défilé à Genève, mercredi, pour protester contre le sexisme des codes vestimentaires à l'école. Une manifestation qui fait suite à l'affaire du "T-shirt de la honte" qui a fait polémique en fin d'été.

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"Occupe-toi de ton sexisme plutôt que de ma tenue." Elles étaient plus de 200 à manifester, mercredi 30 septembre, pour dénoncer le sexisme des codes vestimentaires dans les écoles de Suisse. En corsage de dentelle rouge, pull-over découvrant le nombril ou shorts courts en jean, des écolières se sont rassemblées à Genève pour faire suite à l'affaire du "T-shirt de la honte" qui a fait scandale sur les bords du Léman.

La polémique a éclaté à la fin de l'été quand une mère de famille a dénoncé "l'humiliation" subie par sa fille. La collégienne a été forcée de porter un t-shirt XXL frappé de la mention "j'ai une tenue adéquate" pour cacher un vêtement jugé trop révélateur. "Ma fille avait une tenue correcte et adaptée. Elle était vêtue d'un jean taille haute, d'un pull à col roulé blanc où l'on voyait légèrement son ventre. Depuis quand le ventre est considéré comme une partie intime ? Ne serait-ce pas les adultes qui sexualiseraient ces jeunes adolescentes, encore considérées comme des enfants dans notre système social ?", avait déclaré la mère à RTS.
 
Devant le collège, une autre pancarte clamait : "l'humiliation n'est pas une forme d'éducation", brandie par une femme dont le visage était couvert d'un masque au nez rouge et au sourire de clown. L'école avait répondu aux accusations de sexisme en affirmant que le règlement vestimentaire s'appliquait "indépendamment du sexe" mais aussi que le dispositif et son t-shirt ont été validés par l'association des parents, le Conseil des délégués d'élèves et la conférence du personnel.

 

"Lynchage public"


Les critiques soulignent, eux, que ce genre de règlement laisse beaucoup de place à des jugements subjectifs et la porte ouverte à des interprétations sexistes. Marjorie de Chastonay, une élue genevoise des Verts, a comparé le t-shirt de la honte à "un lynchage public destiné à stigmatiser les filles". Les manifestantes ont demandé aux responsables de l'éducation du canton de faire abandonner la pratique. Ces protestations font écho au tollé provoqué en France par la publication d'un sondage sur les tenues des lycéennes par l'hebdomadaire Marianne et l'Institut de sondage Ifop.
 
Le sondage controversé avait été réalisé dans le sillage des mobilisations de collégiennes et lycéennes contre "la tenue correcte" imposée aux filles dans certains établissements. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait lui préconisé de s'habiller de "façon républicaine" à l'école. Le sondage, qui s'appuyait sur des dessins suggestifs pour poser ses questions, a provoqué une vague de réactions outrées dénonçant la sexualisation du corps des enfants et des très jeunes filles.

 
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