Comme un peu partout dans les Alpes, les commerçants de Chamrousse scrutent le ciel.
La saison de ski commence mal dans la station du massif de Belledonne, près de Grenoble, où l'ouverture des pistes a été reportée faute de neige, et où les commerçants scrutent le ciel dans l'espoir de voir tomber les précieux flocons.
"En ce moment, les discussions, c'est neige, neige et neige. Les commerçants ne parlent que de ça", annonce Pascal Plessis, derrière son comptoir du bar-restaurant Le Chamroussien.
Enserrée dans un épais brouillard, la petite station alpine a des airs de village fantôme en ce samedi matin, qui devait marquer le début de la saison d'hiver. Comme huit autres stations des Alpes, Chamrousse a dû repousser l'ouverture de son domaine skiable, ses pistes restant désespérément vierges de neige.
Dans la galerie commerciale, un magasin sur deux est fermé. Les rares commerçants profitent de l'absence de clients pour mettre la dernière main aux préparatifs de la saison.
"Ca fait du manque à gagner, c'est dur", confirme Sara Sgambato, patronne de Nanou Boutique, en déballant des chaussures. "Avec la neige, on aurait tourné à 120 couverts. Là, je ne sais même pas si on va faire un", ajoute Pascal Plessis.
En attendant les touristes, de nombreux commerçants ont dû reporter l'embauche des saisonniers. "La caissière viendra quand la neige sera là", dit ainsi Sara Sgambato. "Il est trop tôt pour faire du catastrophisme", tempère le maire de Chamrousse Jacques Guillot.
"Ce n'est pas un désastre si on perd le premier week-end de décembre. Ce sont les vacances de Noël qu'il ne faut pas rater", explique-t-il.
Chez Domaines skiables de France, qui rassemble 236 opérateurs de stations dans l'Hexagone, on tente aussi de relativiser. "On démarre la saison en petite foulée", reconnaît le délégué général Laurent Reynaud. "Mais cela ne préjuge absolument pas de ce que sera le reste de la saison. Une saison d'hiver en station, c'est une course d'endurance."
L'an dernier, la saison avait commencé en fanfare, grâce à de premiers flocons tombés très tôt. Puis l'enneigement, par la suite très déficitaire, avait contraint plusieurs stations à fermer prématurément.
Au final, l'hiver s'était conclu par une baisse de 5,1% de la fréquentation des domaines skiables français, à 53,2 millions de journées-skieurs. "Il vaut mieux que ça tombe plus tard et qu'on ait ensuite de la neige correctement toute la saison", juge Guillaume Bordeau, vendeur au Sport 2000 de Chamrousse.
Reste que pour le moment, les réservations pour les vacances d'hiver montrent des signes de faiblesse. "Pour les vacances de Noël, on est en retrait de 4 ou 5 points par rapport à l'an dernier", confie Vincent Roland, président de Savoie Mont-Blanc Tourisme, organisme gérant les 110 stations des deux Savoie. "Mais on n'a pas d'inquiétude majeure", assure-t-il, car, une fois tombée, la neige devrait "encourager les réservations de dernière minute".
Météo France prévoit justement deux chutes successives ce week-end, qui pourraient former un manteau de 30 à 45 centimètres de neige à 2.000 mètres d'altitude, dans les Alpes du nord.
"Mais ça ne comblera pas le déficit qu'on a actuellement. On devrait déjà avoir 60 à 70 centimètres à 2.000 mètres", souligne Bernard Saulnier, directeur de Météo France à Saint-Martin d'Hères (Isère). "Le déficit actuel est un record des 50 dernières années", rappelle-t-il.