Insolite. Comment la sève des bouleaux d’Auvergne se met au service de la cosmétique

Les forêts auvergnates ont inspiré une créatrice de produits cosmétiques. Elle vient de lancer sa gamme, qui s’appuie sur de la sève de bouleau issue du Cantal et du Puy-de-Dôme, au coeur du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne.

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Pauline Bony aime la nature, les cosmétiques et l’Auvergne. Elle a grandi à Lyon, vit aujourd’hui à Paris, mais n’a pas oublié ses racines.
« Mes parents se sont rencontrés à Mauriac, mes grands-parents vivaient là-bas. J’y allais tous les week-ends et les vacances scolaires parce que mon père, c’est un dingue du Cantal, il y a tous ses amis d’enfance ».
La jeune femme a travaillé pendant 11 ans comme directrice marketing chez Caudalie et 4 ans chez l’Oréal, sur la marque Roger & Gallet. Durant ces années au contact de chercheurs, professeurs, biologistes, elle a acquis des convictions, notamment que « les ingrédients naturels étaient ce qu’il y avait de mieux pour la peau ».
  

Le besoin d'un retour aux sources


Il y a 2 ans, elle s’est lancée dans la création de sa propre marque. Une aventure inspirée notamment par ses souvenirs d’enfance. « L’Auvergne est une région où les bouleaux s’épanouissent. Il y avait aussi une tradition : ma maman, ma grand-mère faisaient des cures de sève de bouleau fraîche, à boire au printemps. On voit des effets sur la peau, les ongles et les cheveux. Quand j’ai voulu créer ma marque, il y a 2 ans, j’ai bien sûr tout de suite pensé au bouleau ».

La jeune femme s’est rapprochée de Greentech, une entreprise auvergnate de biotechnologies.
« Ils m’ont trouvé un cueilleur de plantes sauvages de la région qui a récolté de la sève et j’ai travaillé avec un botaniste qui m’a fait découvrir le chaga, c’est un champignon extraordinaire qui ne vit que sur le bouleau, qui est surnommé « champignon de l’immortalité » .
 

A la recherche du chaga


L’association des deux a débouché sur des tests en laboratoire et sur un brevet. Le croisement de la nature et de procédés technologiques de pointe.
« Quand j’ai voulu du chaga, ils m’ont un peu regardé avec des yeux ronds en Auvergne. Finalement, ils ont trouvé une personne qui cueille du chaga depuis 5 ans. Donc voilà, je suis allée à la récolte du chaga en novembre il y a un an, il faisait super froid, il a neigé, mais on en a trouvé. Après, ce chaga, il part chez Greentech qui va le cryogéniser, le passer à l’azote à - 200 degrés pour récupérer tous les principes actifs qui sont inhérents à ce champignon. Ce n’est pas juste on le prend, on le broie, on le met dans les crèmes, c’est vraiment de la biotechnologie ».

Et cette expérience auvergnate a porté ses fruits, selon Pauline Bony, presque au-delà de ses espérances. « C’est très antioxydant, ça va stopper 90 % des radicaux libres qui sont responsables du vieillissement cutané, ça a une grande vertu anti-inflammatoire, ça stimule les défenses immunitaires cutanées de façon adaptative, et ça va protéger et réparer l’ADN cellulaire », promet la fondatrice de la marque Saeve.
Les formules pour le visage et le corps ont été développées à Paris. Et la fabrication des crèmes, sérums et autres produits, est assurée par un sous-traitant en Ardèche.
 
 

Du local à l'international

« J’y tenais, c’est vraiment une cosmétique ‘locavore’ si on peut dire parce qu’aujourd’hui, dans la pharmacopée française, il y a des choses extraordinaires. Aller chercher des lianes en Amazonie, en Australie, je comprends d’un point de vue marketing, mais en fait, on a chez nous des trésors végétaux extraordinaires. L’ Auvergne, c’est une région qui est sauvage, qui a connu beaucoup d’exode rural, qui n’a pas connu l’urbanisation, c’est une région encore méconnue pour toutes ses richesses botaniques ».

La sève de bouleau et le chaga bio récoltés dans le Parc des Volcans d’Auvergne pourraient bien voyager dans le monde entier.
« Je vais lancer la gamme en Chine en décembre, ce qui m’a permis de faire des productions assez importantes dès le départ. Là, j’étais invitée au salon de la Fashion Week à Paris, il y a un musée d’art contemporain à Chicago qui m’a demandé la gamme, j’ai des Espagnols, des Scandinaves, le made in France se vend très bien. La sève de bouleau, ça parle à beaucoup de monde. J’espère que la gamme va s’internationaliser rapidement ».
En France, Auvergne-Rhône-Alpes est le premier client de Pauline Bony, qui vend ses produits sur son site internet et dans certaines pharmacies, à Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux. Ainsi qu'à… Naucelles dans le Cantal !  
 
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