Le réseau "lacs sentinelles", coordonné par le conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie, surveille depuis plusieurs années les milieux naturels de la montagne. Ces derniers mois, leurs membres alertent sur la surfréquentation des points d'eau en altitude.
Les lacs d'altitude, lieux emblématiques de nos montagnes, sont de plus en plus menacés. Avec une augmentation du nombre de randonneurs et de bivouaqueurs parfois peu respectueux de la nature, ces écosystèmes perchés en altitude sont mis à mal. D'autant plus qu'ils sont particulièrement sensibles à l'activité humaine et aux changements climatiques.
Le réseau "lacs sentinelles" s'est développé ces dernières années pour les protéger. Il réunit chercheurs et gestionnaires d'espaces protégés à travers les Alpes et les Pyrénées. En tout, 25 lacs en France font partie du réseau.
Au lac Achard, près de 50 000 visiteurs pendant l'été
Ce mardi 9 novembre, une sortie d'une quarantaine de membres du réseau au lac Achard, dans le massif de Belledonne, à une heure de marche de Chamrousse, permet de mettre en lumière la surfréquentation : "Le premier soir où je suis arrivé comme écogarde, ça devait être un vendredi ou un samedi soir. Il y avait une trentaine de groupes qui sont arrivés pour camper autour du lac", se souvient Jonathan Perret, éco-garde au lac Achard l'été dernier.
Le calme de cette sortie mi-novembre est trompeur. Depuis deux ans, le site est pris d'assaut en juillet et en août. Les "éco-compteurs" placés à proximité du point d'eau, situé à 1 900 mètres d'altitude, ont relevé près de 50 000 personnes cet été : "En plus, il y a eu probablement moins de visites que l'été précédent", précise-t-il.
Vu qu'il n'y a plus de bois morts, certains visiteurs ont commencé à "taper" sur les arbres vivants autour du lac
Jonathan Perret, éco-garde au lac Achard
Cette fréquentation excessive met en danger l'espace naturel : "Il y a des sentiers qui se créent un peu partout, sur des zones qui sont sensibles, des zones qui vont mettre très longtemps à se régénérer comme les tourbières ou les arbres. Vu qu'il n'y a plus de bois morts, certains visiteurs ont commencé à 'taper' sur les arbres vivants autour du lac", regrette Jonathan Perret.
"Les écosystèmes de montagne sont des milieux qui se régénèrent très lentement, poursuit-il. Pour qu'une branche de quelques centimètres de diamètre pousse, il faut parfois plusieurs dizaines d'années."
Les membres du réseau surveillent ces lacs, avec un suivi scientifique. Mais ils ont aussi pour vocation d’identifier les menaces qui pèsent sur ces lacs, notamment celles liées aux changements globaux. Puis, ils veulent définir, à terme, les actions de gestion à engager sur ces milieux, afin de mieux les préserver.
"La première étape est de comprendre comment ces nouvelles pratiques vont avoir une influence sur le lac et quels impacts elles peuvent avoir. On essaye ensuite de sensibiliser les populations et leur faire comprendre que leurs gestes ont un impact sur le lac", précise Carole Birck, coordinatrice scientifique au Conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie.