Du 29 mars au 1er avril, une vingtaine de femmes membres du groupe d’entraide "Plus fortes ensemble" rallient à pied La Tour-du-Pin et Morestel, en Isère. La plupart d’entre elles ont été victimes de violences conjugales. Cette marche leur permet de témoigner, et de sensibiliser aux violences faites aux femmes.
Autrefois courbées par le poids de la honte et de la peur, les femmes du collectif "Plus fortes ensemble" marchent désormais la tête haute, le regard fier, déterminées à aller au bout de leur périple. Victimes de violences conjugales, elles ont entamé une randonnée de quatre jours entre La Tour-du-Pin et Morestel pour partager raconter leurs histoires.
Lors des étapes, prévues à Vasselin, Saint-Sorlin-de-Morestel et Vezeronce-Curtin, des animations auront lieu pour alerter, sensibiliser, et informer sur leur combat.
"J’ai vécu de la violence par le père de mes enfants pendant une dizaine d’années, raconte Valérie. C’était des paroles dégradantes, et il m’a frappée une fois avec mon petit de 3 ans dans les bras. J’ai fait 4 dépôts de plainte. Je me suis renfermée sur moi, car on n’ose pas en parler". Isolée, la mère de famille rejoint alors le groupe d’entraide destiné aux victimes de violences conjugales.
C’est à nous de faire un chemin pour oser en parler, comprendre que ce n’est pas de notre faute.
Valérie, victime de violences conjugales
Dans ce cercle composé de femmes, elle trouve une écoute et une aide pour rebondir. "Avec les gens du groupe, on voit qu’on a toutes vécu la même histoire. Il y a plein de similitudes. On voit que les hommes violents procèdent tous de la même façon. C’est à nous de faire un chemin pour oser en parler, comprendre que ce n’est pas de notre faute".
Pour Nathalie Gallien, à l’origine du collectif, c’est justement la culpabilité qui empêche les victimes de partir dès les premières formes de violence. "Elles sont toutes persuadées que si elles ont été frappées et rabaissées, c’est de leur faute, parce qu’elles n’étaient pas assez bien. Il est important de croire ces femmes. Quand elles débarquent dans une gendarmerie, les gendarmes ont une enquête à faire. Pas moi. Moi, je les crois systématiquement donc ça les rassure et elles peuvent enfin parler, explique-t-elle, en marchant au milieu du groupe. Le principe de cette marche, c’est qu’on veut que la honte change de camp".
Entraide et solidarité
Conseillère conjugale et familiale, elle tient des permanences de deux demi-journées par semaine à la gendarmerie de La Tour-du-Pin. "Dans l’année 2022, entre Morestel et La Tour-du-Pin, j’ai reçu 80 femmes victimes de violence. C’est énorme pour deux communes !".
D’abord petit groupe de parole informel créé en 2019, le collectif de Nathalie s’est élargi au fil des années. Aujourd’hui, une vingtaine de femmes, comme Marie-Claire, participent régulièrement aux activités organisées comme du théâtre et du self défense. "On se sent plus fortes ensemble, ça libère la parole, explique-t-elle. On n’est pas seules avec nos problèmes, on a envie de s’entraider. On ne voit pas d’issue, jusqu’à ce qu’on ose demander de l’aide et qu’on découvre ce formidable élan d’entraide. Ça permet d’avancer et de voir l’avenir autrement."
Après 4 jours de marche, le groupe arrivera à Morestel ce samedi 1er avril. Les volontaires qui souhaitent les rejoindre pendant la marche peuvent consulter le parcours sur plusfortesensemble.fr