"En aucun cas, je n'avais l'intention de la tuer" : les premiers mots de Mickaël F., jugé aux assises pour le féminicide de Sandra Pla

Le procès de Mickaël F., ex-compagnon de Sandra Pla s’ouvre ce mercredi 29 janvier, quatre ans après le décès de cette Bordelaise, tuée de plusieurs coups de couteau. Au premier jour du procès, l'homme a reconnu les faits, mais a nié toute intention de tuer la jeune mère de famille.

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Pas une de plus. Le slogan inscrit en lettres blanches sur une banderole noire sonne comme un hommage à Sandra Pla, tuée par son ex-compagnon le 2 juillet 2021. Ce mercredi 29 janvier s’ouvre, quatre ans après les faits, le procès de Mickaël F. qui est jugé pour “assassinat sur un conjoint”. En procédure de séparation, l’homme avait attendu plusieurs heures sous un cabanon à proximité du domicile de Sandra Pla avant de l’agresser et de la tuer, de multiples coups de couteau. 

LIRE AUSSI. Poignardée à mort par son ex-compagnon, Sandra Pla avait alerté sur le danger qu’il représentait 

Durant la matinée, la famille de Sandra Pla n'a pas quitté l'accusé du regard. © France 3 Aquitaine

Visage impassible

Dans la salle d’audience ce jeudi 29 janvier, les parents éplorés de la jeune femme ont revu l'homme qui a ôté la vie à leur fille. Durant toute la matinée, ils n’ont pas lâché du regard Mickaël F. qui se trouvait dans le box des accusés. Cheveux longs et noirs, barbe taillée, celui qui affirme ne pas se souvenir d’avoir porté la cinquantaine de coups au visage au cou de son ex-compagne est impassible. Aucune émotion ne traverse son visage durant ces quatre premières heures d’audience.

Dans l'après-midi, il a pris la parole, pour revenir sur les faits qui lui sont reprochés. Son intrusion, filmée par une caméra de surveillance, au domicile de son ex-compagne aux alentours de 4 h 30 du matin. Mickael F.  s’était caché dans un cabanon au fond d'une cour, avant d’agresser Sandra Pla, alors qu’elle revenait de l’école où elle avait déposé sa fille. "Je reconnais être l'auteur du crime, mais en aucun cas, je n'avais l'intention de la tuer", débute-t-il, sans laisser poindre un quelconque regret ou remord. Dans son sac pourtant, les enquêteurs retrouveront des barres de céréales, de l'eau, un miroir articulé et un téléphone dont il avait retiré la carte SIM.

La famille de Sandra Pla a tout fait pour protéger leur fille de son ex-compagnon, accusé de l'avoir tuée. © France 3 Aquitaine

"La loi, vous ne la respectez pas"

Dans son box, l'accusé revient longuement sur son parcours : une enfance heureuse au sein d'une fratrie de trois garçons dont il est l'aîné. Il revient également sur son addiction au cannabis, dès l'adolescence qui lui aurait permis, selon lui, "de gérer les difficultés du passage à l'âge adulte".

Il évoque ensuite sa vie de jeune adulte, loin des universités, ce dernier n'ayant pas poursuivi ses études après le lycée. "Je serai resté, mais les ennuis judiciaires m'en ont empêché", avance-t-il, minimisant ainsi ses trois condamnations pour trafic de stupéfiants. Loin d'être un baron de la drogue, il évoque un "commerce pas mercantile" qui ne servait qu'à "financer ma propre consommation". 

Les "ennuis" vont cependant poursuivre Mickaël F. Jusque derrière les barreaux. Plusieurs incidents se produisent alors qu'il se trouve en détention : l'agression d'un surveillant qui aurait "tenu des propos désobligeants" et se serait "mal comporté" envers celui qui était alors détenu, mais aussi la destruction de sa propre cellule.

Face à cette description qui esquisse déjà les contours d'une personnalité violente et rebelle, l'accusé se défend. "Je supporte mal la détention. Vous avez vu le rapport sur l'état des prisons. Le terme, c'est inhumain", assène-t-il avec force depuis son box. 

À chaque question, l'homme semble trouver une justification, une réponse. Quand la présidente, Marie-Noëlle Billaud l'interroge sur la présence de cannabis dans sa cellule, Mickaël F. répond qu'il s'agissait d'une consommation "raisonnée pour traiter son anxiété". "Les médicaments, c'est pire, leurs effets sont horribles", justifie l'accusé, rapidement retoqué par la présidente qui rappelle le caractère illégal de sa consommation.

"Elle ne pourra pas répondre"

Après de longues heures d'écoute, Marie-Noëlle Billaud analyse le récit qui vient de lui être livré. "Vous faites ce que vous avez envie de faire, la loi, vous ne la respectez pas", remarque-t-elle. "J'ai bien conscience que vous n'arrivez pas à m'entendre, répond l'intéressé, la voix soudain chevrotante. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. J'attends beaucoup de ce procès."

Je veux comprendre. Je ne suis pas là pour défier la loi. Je suis perdu. 

Mickaël F.

Accusé de l'assassinat de Sandra Pla, son ex-compagne

La tentative ne prend pas et choque même la salle. "Je vous informe que Sandra Pla est décédée, le coupe la Présidente. Elle ne pourra pas répondre." Le regard vacille un instant, puis Mickaël répond, laconiquement, "je sais". Il s'agit d'un des uniques instants où l'accusé évoque son ancienne compagne. Mais pour la famille, l'échange devient insoutenable. La mère de Sandra Pla quitte la salle, en larmes.

Durant les longues heures où l'homme s'exprime à la barre avec aisance, aucun mot ne sera en effet prononcé pour les victimes : son ex-compagne Sandra Pla mais aussi leur fille, Eva, âgée de huit ans aujourd'hui. Depuis le drame, elle vit chez ses grands-parents maternels, en Espagne. 

Sandra Pla a été assassinée le 2 juillet 2021. © Photo fournie par l'entourage

De "fausses allégations"

À la barre, Mickaël Falou doit aussi s'exprimer sur ces mois qui ont précédé la mort de Sandra Pla. Des SMS et des appels par centaines. Les relevés de téléphonie ont recensé 43 messages en une soirée, 134 appels un autre soir. "Il y a pas mal de propos agressifs. Il faut voir la quantité de SMS qu'il peut y avoir quasiment toutes les minutes, qui répètent en permanence sa rage et sa colère", relève Me Elsa Crozatier, l'avocate de la famille de la victime. 

Profite, ça ne va pas durer. Tu le paieras.

SMS de Mickaël Falou adressé à Sandra Pla

Des mots violents et des menaces. Pour ces actes, son ex-compagne avait porté plainte à de multiples reprises pour violence et harcèlement. Pas entièrement prises en compte, la famille de Sandra Pla a d'ailleurs porté plainte contre l'État.

Mais dans la salle, Mickaël Falou réfute toute culpabilité. "Ce sont des allégations et elles sont fausses", assène-t-il. Sa défense, elle, garde une position plus réservée à ce sujet. "Il faut attendre de voir comment le procès se déroule", indique Me Elena Badescu, l'avocate de l'accusé.

Depuis le box des accusés Mickaël Falou réfute toute accusation de harcèlement sur son ex-compagne. © France 3 Aquitaine

Une cinquantaine de coups de couteau

Ce  2 juillet 2021, c'est une voisine alertée par les cris de Sandra qui avait appelé les secours et les forces de l’ordre. En vain. Vers 10h, ils découvrent Sandra Pla inanimée dans une mare de sang, un couteau de cuisine à proximité de son corps. Elle présente une cinquantaine de coups de couteaux, à la fois au visage et sur le haut de son buste. 

Mickaël F. sera interpellé quelques heures plus tard, à son domicile, en train de consommer de l'alcool et du cannabis. Lors de sa garde à vue, il confie avoir attendu que la jeune femme ouvre la porte pour se jeter sur elle et la pousser à l'intérieur. Il voulait alors "une explication avec elle" notamment sur les raisons de leur rupture.

Mais Sandra réussit à s'échapper et se précipite dans la cuisine. Elle s'empare d'un couteau qui lui servira à menacer son agresseur. Mickaël F. parvient cependant à la maîtriser et la plaque au sol, avant de lui reprendre le couteau.

La suite serait "un trou noir", comme il le confie aux policiers. L'homme affirme s'être "réveillé", à califourchon sur son ex-compagne, couvert de sang et sa victime gisant dans une mare de sang. Un mode opératoire qui a poussé la justice à retenir la préméditation dans ce féminicide. Jugé pour assassinat sur un conjoint, Mickaël F. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Des militantes féministes avaient organisé un rassemblement devant la cour d'assises en soutien à la famille et pour dénoncer les violences faites aux femmes. © France 3 Aquitaine

"À la hauteur des faits"

Dès ce mercredi matin, les grilles de la Cour d’assises de la Gironde, des militants et militantes se sont rassemblées en soutien à la famille de la victime. Leur message s’adresse aussi aux autres victimes de violences conjugales. Des pancartes “Je te crois” sont affichées, entre les mains de certaines militantes.

D’autres rappellent le chiffre glaçant du nombre de féminicides depuis le début de l’année : neuf, en moins d’un mois. Les manifestantes, qui arboraient pour certaines des vêtements violets, symbole des violences faites aux femmes, ont entonné l’hymne des femmes, une chanson écrite par le MLF en 1971.

Un soutien nécessaire à la famille de Sandra Pla, bouleversée alors qu’elle passe les portiques de sécurité. “On attend que justice soit faite et que ce soit a la hauteur des faits”, soufflait, à l'ouverture du procès, la mère de la victime. Ses parents avaient d’ailleurs tout fait pour protéger leur fille. Ils avaient notamment emménagé chez elle, durant six mois, pour la soutenir avec sa petite fille alors âgée de quatre ans.

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