"Ils doivent payer pour ça" : les 161 salariés de TeamTex, leader européen des sièges auto, bientôt licenciés après la liquidation de l'usine

Mercredi 23 octobre, le tribunal de commerce de Grenoble a acté la mise en liquidation judiciaire de la société Logiplast-TeamTex, basée à Charvieu-Chavagneux, en Isère. Bientôt licenciés, les 161 salariés se battent toujours pour obtenir des conditions de départ supérieures au minimal légal.

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En près de 30 ans, aucun des 161 employés ne s’était retrouvé devant ce portail fermé. Mais aujourd'hui, impossible pour eux d’accéder à leur entreprise, mise sous scellé par le directeur du site dès 7 heures du matin ce mercredi 23 octobre. 

"J’avais l’habitude de me réveiller à 5 heures tous les jours pour venir travailler depuis 6 ans. Et aujourd’hui, je suis venu pour être solidaire", raconte Abdallah Ouskaou en brandissant une pancarte portant l’inscription "Mutares fossoyeurs d'entreprises et d'emplois".

Désoeuvrés, lui et ses collègues se sont tout de même donné rendez-vous devant le site de Logiplast-TeamTex en attendant la décision du tribunal de commerce de Grenoble.

La fin de TeamTex 

Sans grande surprise, ce dernier a finalement ordonné la mise en liquidation de l’entreprise, dernière usine française à fabriquer des articles de puériculture, qui avait été rachetée en 2023 par le groupe allemand Mutares.

Les salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement pour motif économique d'ici 15 jours. "En début de matinée, le liquidateur m’a appelé pour m’annoncer la fin de TeamTex. Il doit faire partir au plus vite les lettres de licenciement de toutes les personnes", souffle Christian Benoite, secrétaire du CSE, les larmes aux yeux. 

"Je n'aurais jamais pensé que le leader mondial allait fermer. Mais c'est Mutares qui est venu mettre son bordel", regrette Sylvie Andreosso, salariée de l'usine depuis 27 ans. 

"On s’est éclaté la santé pour au final rester malade et sans emploi. Ils doivent payer pour ça", s'indigne Anna-Paula Perera, qui a travaillé sur la ligne de montage avant que sa santé ne l'oblige à être transférée au modélisme.

"Toutes ces années à user notre corps" 

"On se sent trahis par le groupe d’investisseurs Mutares, qui nous a fait de belles promesses en décembre 2023 et qui laisse 161 personnes sur le carreau. On est tous cassés, on a des problèmes aux épaules à cause de gestes répétitifs sur la chaîne. Au total, 37 personnes sont en arrêt à cause de problèmes de santé, je ne sais pas où ils vont trouver du travail, déplore Dulcina Alexandre, salariée et membre du CSE. On souhaite être indemnisés pour toutes ces années à user notre corps. On exige des négociations dignes pour ne pas partir avec le minimum social". 

L'énigme Mutares

Les salariés et leur avocat François Dumoulin restent sceptiques quant à la fermeture si rapide de l'usine. "Mutares prend les commandes, et six mois plus tard il dépose le bilan avec une baisse de 40% du chiffre d’affaires, constate l'avocat. Alors que le marché du siège auto a un taux de progression annuel de 5,7% donc c'est un marché porteur. Alors comment, dans un marché avec une pareille progression, on peut avoir une entreprise leader du secteur qui connaît une telle baisse de chiffre d’affaires ? C’est l’énigme qu’on essaye de résoudre, et Mutares ne nous a pas tout dit". 

Le liquidateur mandaté a donné rendez-vous aux membres du CSE demain matin, jeudi 24 octobre, à Bourgoin-Jallieu. Ces derniers sont convoqués pour récupérer les papiers expliquant la procédure du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). "On compte sur le liquidateur pour être notre interlocuteur après de la holding Mutares, qui ne veut pas participer au PSE", conclut Dulcina Alexandre.

Les salariés réclament 2 800 euros par année d'ancienneté à leur employeur. "Mutares a fait savoir qu’il ne payerait pas. Mais compte tenu du mouvement social et du coup de projecteur mis sur ce dossier, c'est possible qu’ils se ravisent" espère Maître Dumoulin. 

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