Après avoir rejeté la première mouture de la carte scolaire 2024-2025, la semaine dernière, les professeurs de l'Isère ont découvert la version finale ce mardi 13 février. Elle prévoit 45 ouvertures pour 91 fermetures sur le département. Un casse-tête pour les parents d'élèves qui vont devoir s'adapter au regroupement scolaire.
La première version de la carte scolaire, présentée la semaine dernière, n'avait pas convaincu les syndicats. La deuxième mouture est à peine différente. Ce mardi 13 février, le directeur académique des services de l'éducation nationale (DASEN) de l’Isère, Patrice Gros, a dévoilé la version finale de la carte scolaire, pour la rentrée 2024-2025. Quatre-vingt-onze classes devraient être ouvertes pour seulement 45 ouvertures dans le premier degré, selon les chiffres du rectorat.
Mobilisé depuis le 1er février contre le "Choc des savoirs" promis par Gabriel Attal, le corps enseignant réclame, entre autres, l'abandon des suppressions de postes et des fermetures de classes prévus pour la rentrée prochaine. En septembre 2023, le département de l'Isère avait perdu 1 532 élèves par rapport à 2022, dans le premier degré.
De moins en moins d'élèves en Isère
La création de classes de doubles niveaux inquiète les enseignants du premier degré. "Le DASEN impose des transferts pour gagner en effectifs. Mais les modalités de travail sont bien différentes d'une classe à l'autre, explique Valérie Favier, déléguée SNUipp-FSU Isère. On va demander aux grandes sections qui basculent dans une classe de CP d'être beaucoup plus silencieux, de travailler avec un stylo, sur un mobilier qui n'est pas adapté à leurs besoins. Et vice-versa pour les CP basculés en maternelle."
La classe de CP est pourtant "une année cruciale dans l’apprentissage", selon la responsable syndicale. "On y apprend la lecture par le décodage. C’est un enseignement très engageant, qui demande beaucoup de régularité." Elle s'inquiète aussi de voir les professeurs déstabilisés par ces nouvelles modalités d'enseignement. "Les collègues sont parfois spécialistes d'une classe. Ils n'ont pas forcément envie de donner cours à deux niveaux différents."
Huit niveaux pour un enseignant
"Il y a une différence entre une exception expliquée par un contexte géographique spécifique et le fait de systématiser des mesures pédagogiques peu adaptées, abonde Valérie Favier, déléguée SNUipp-FSU Isère. Le double niveau est imposé."
Du côté des parents d'élèves, même son de cloche. À Gresse-en-Vercors, petit village de montagne en Isère, "personne ne comprend le pourquoi du comment", lâche Jérémy Marty, porte-parole des parents d'élèves. L'école de la commune est animée par deux enseignants, qui se répartissent les élèves de la maternelle au CM2, dans deux classes à multiples niveaux.
La carte scolaire 2024-2025 prévoit leur fusion dans une seule et unique classe, et la suppression d'un poste d'instituteur. "Trois à quatre niveaux, c'est encore gérable. Mais huit niveaux pour un enseignant, avec des enfants de 3 à 11 ans, c'est impossible, poursuit Jérémy Marty. Dans ces conditions, certains parents nous ont déjà prévenus qu'ils risquent de changer d'école."
"Il n'y a eu aucune concertation avec les familles"
Le responsable envisage dès lors de saisir le préfet du département pour "mise en danger de la continuité du service public", au nom de la loi Montagne. Un ensemble de mesures pensé pour adapter la carte scolaire aux communes isolées et nécessitant "l'application de modalités spécifiques d'organisation scolaire".
Les écoles de montagne ne sont pas les seules à désapprouver. Au sud de Grenoble, à Saint-Martin-d'Hères, les parents d'élèves s'inquiètent de la fermeture de l'école maternelle Jeanne Labourbe, située en REP. Les écoliers devraient être transférés à l'école Voltaire, également en REP, à la rentrée prochaine. "Il n'y a eu aucune concertation avec les familles", déplore la représentante des parents d'élèves de l'école Jeanne Labourbe.
Problème : l'école Voltaire devrait donc compter quatre classes de grande section, "réparties dans deux salles, avec deux professeurs par classe". "Impensable" pour la porte-parole. "Les enfants qui vont changer d'école l'année prochaine vont perdre leurs repères, cela va impacter leur développement langagier. Ce n'est pas bon pour des élèves qui ont déjà des difficultés."