A Charancieu, une dizaine de salariés de Conforama sont en grève ce vendredi pour protester contre le plan de transformation annoncé par la direction en juillet. Le PDG de la marque concurrente But avait fait part de son intérêt pour une éventuelle reprise, les syndicats s'interogent.
Les grévistes de Conforama réitèrent leur piquet de grève ce vendredi 8 novembre à Charancieu (Isère), leur quinzième action depuis l'annonce de la fermeture du magasin en juillet. En proie à de graves difficultés financières, l'enseigne veut fermer 32 magasins en France, dont deux en Isère, ceux de Charancieu et de Grenoble.
La direction a annoncé un vaste plan de transformation passant par la suppression de 1.900 postes en France, une soixantaine d'emplois vont disparaître dans le département. Pour protester contre ce plan, une dizaine de personnes, dont des salariés venus d'autres sites, se sont rassemblées devant l'enseigne. La lutte syndicale tient de la guerre d'usure.
"On est dans l'incertitude totale, personne ne nous dit rien, les informations ne remontent pas jusqu'à nous. C'est très difficile de travailler dans des conditions pareilles", déplore Corinne Armanet, 32 ans d'ancienneté chez Conforama, en grève ce vendredi.
Faire pression à l'approche des fêtes
Pour justifier ces suppressions de postes, la direction évoque les mutations profondes du secteur de la distribution. Mais au sein de l'entreprise, tout le monde pointe la responsabilité du propriétaire, Steinhoff. Victime de malversations comptables il y a deux ans, le conglomérat sud-africain cumulerait plus de 10 milliards d'euros de dette. Depuis quelques mois, il cède des actifs dans le monde entier pour renflouer ses comptes.
Un concurrent, But, pourrait reprendre neuf sites mais l'offre n'est pas confirmée. Dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France, le PDG Alexandre Falck s'est dit intéressé par cette opportunité. "Certains ne peuvent pas nous intéresser, car nous sommes en concurrence frontale. Mais d'autres − plutôt situés en zone rurale, et un autre en région parisienne − oui", avait-il déclaré à nos confrères, estimant être le seul sur le marché "à être en mesure de reprendre le personnel".
Alors que la direction entame, avec les syndicats, la dernière réunion de négociation du plan de sauvegarde de l'emploi, les employés se battent pour les indemnités. "A ce jour, la direction a proposé une indemnité supra-légale d'un mois de salaire par année d'ancienneté. Malheureusement, elle est conditionnée à 12 ans d'ancienneté. On trouve cette mesure totalement discriminatoire", estime Salim Radjah, délégué syndical Force ouvrière (FO).
De nouvelles actions sont prévues ce week-end. Les grévistes espèrent faire pression sur la direction, à l'approche des fêtes de fin d'année, l'une des meilleures périodes de vente pour Conforama.