L'un fait du démantèlement de matériel électrique pour des grosses entreprises, l'autre est promoteur et constructeur immobilier. Des patrons de PME témoignent de la situation dans laquelle ils se retrouvent. Tous deux estiment que le confinement de leurs salariés est "la" priorité.
Depuis lundi, Saverio Martorana emploie sept salariés dans son entreprise de démantèlement de matériel électrique, "Recycling Advantage Système", basée à Domène en Isère. Il travaille pour Schneider, Alstom, Suez et d'autres grands groupes.
Depuis lundi 16 mars, plus aucun employé n'est au travail. L'un d'eux, suspecté d'être malade du covid 19, s'est malheureusement déplacé dans tous les ateliers de l'entreprise, alors il a fallu fermer les locaux depuis.Tous sont en chômage partiel, la solution la plus évidente pour le patron qui n'a pas hésité. Il a entrepris des démarches notamment avec l'Urssaf pour sauver sa trésorerie et espère que le virus sera maîtrisé d'ici deux mois.
"Je peux tenir deux mois, mais pas plus. En attendant, il faut confiner tous les employés, c'est la seule solution pour se débarasser de ce truc". Son inquiètude, le pic du Virus qui arrive selon lui, dans les jours qui viennent, d'où ses craintes d'appeler les salariés à reprendre le travail à ce moment qu'il juge critique.
15 chantiers à l'arrêt
Alain et Pascal Gaudry, eux, font travailler 35 à 40 artisans à l'année dans la construction en bâtiments. Actuellement, les cinq salariés permanents de son entreprise ont été mis au chômage technique. Leur entreprise, Auréa, basée à Grenoble, est à l'arrêt, impossible de "télétravailler" sur un chantier."L'activité est en stand-by", confient les deux entrepreneurs, "Il n'y a plus qu'un seul chantier en cours, le gros problème c'est que nous n'avons plus de matière première avec les fournisseurs. Plus de placo-plâtre, plus d'oxygène pour souder, plus de béton, de carrelage, de faïence. Et de toute façon, les chantiers sont bloqués par les architectes."
Pour ce qui est du travail chez les particuliers, c'est au bon vouloir des clients, qui ne souhaitent pas voir d'ouvriers intervenir chez eux, d'autant que l'entreprise ne peut pas leur fournir de masques. Ils passent leur temps au téléphone pour reporter les travaux et refaire des plannings parfois illusoires.
"Pour notre entreprise, ça va encore", déclarent t'ils, "nous avons de la marge en trésorerie, mais c'est pour les artisans et les sous-traitants qui travaillent pour nous que nous nous inquiètons, ils n'ont pas les reins assez solides, et ne vont pas tenir longtemps". En dernier recours, les frères Gaudry vont tenter de faire des commandes sur internet et chercher de la matière première pour faire avancer les chantiers et limiter la casse. Ils comptent sur d'éventuelles livraisons par Internet.
"Le pire, avouent t'ils, c'est que lorsque nous allons être en mesure de reprendre le travail, il y aura tellement de retard que nous allons être débordés".