Comment gérer l'afflux des nouveaux venus fuyant les grandes villes pour se confiner à la montagne? C'est la question que se posent certains médecins ou élus du Massif du Vercors. Le "Plateau" a vu arriver de nombreux propriétaires de résidences secondaires suscitant l'inquiétude des autorités.
Avant même l'annonce des mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus, Laetitia et Marc ont sauté dans leur voiture avec leurs deux filles, direction la montagne à Villard-de-Lans (Isère). Le couple d'enseignants ne se voyait pas vivre son confinement dans son appartement de Vincennes, en Île-de-France, sans possibilité de sortir.
"Faut pas se leurrer, deux filles aussi petites enfermées dans un appartement, c'est compliqué. Ici, on a cette chance de pouvoir les mettre à l'extérieur", avoue la maman, Laetitia Poggi. Dans leur résidence du Vercors, la cour du parking sert d'aire de jeux pour les enfants et le bois n'est pas loin pour une balade en famille.
"Quand on est dans l'appartement, c'est différent par rapport à là où on est dehors (...) On a pris cette décision en connaissance de cause, on ne serait pas allé s'enfermer dans une montagne loin des sentiers battus", assure Marc Poggi.
L'afflux de propriétaires de résidences secondaires inquiète notamment le maire (SE) de Lans-en-Vercors.
Mickaël Kraemer craint que les médecins locaux ne puissent pas faire face à une charge supplémentaire de patients potentiellement atteints du Covid-19.
"Je ne suis pas sûr qu'on soit armés pour autant de monde. On est armés quand on a les 12 000 habitants permanents du plateau, de temps en temps on a des pics avec les stations de ski, mais là sur une longue période et sur une telle crise, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée" s'inquiète t-il.
Afflux de patients "dans la durée"
Même si le plateau est habitué aux pics de fréquentation en haute saison, cette migration de citadins, sur fond de crise sanitaire, est difficilement quantifiable.
Ce que les médecins généralistes redoutent le plus c'est d'avoir des cas compliqués à gérer à domicile. Leur priorité, est avant tout de freiner le plus possible l'épidémie sur place car le territoire du Vercors nord dispose d'un réseau sanitaire plutôt dense et performant.
Un atout qui pourrait éviter de surcharger le CHU de Grenoble.
Pour l'heure ici, c'est le calme plat. Les effectifs du cabinet médical ont été réduits au strict minimum par précaution. Les kinésithérapeutes ou encore les dentistes avaient déjà anticipé et suspendu tous leurs rendez-vous.
Même si l'activité s'est effondrée, un dispositif de téléconsultation a été mis en place.
En attendant, les personnels de santé s'économisent le plus possible pour faire face au pic épidémique attendu dans les prochains jours.
"On a passé la semaine à se réorganiser : tous les cheminements autour de la maison de santé, créer une permanence téléphonique spécifique, s'entendre avec la collectivité territoriale... (...) On est prêts et on s'attend à un afflux de patients dans la durée", témoigne le Dr Yann Pascault, médecin au pôle santé de Lans-en-Vercors.
Les autorités locales constatent toutefois que les départs de randonneurs en montagne ont diminué, évitant la trop forte sollicitation des médecins pour des secours en montagne. La verbalisation d'un couple de randonneurs en raquettes par le PGHM n'y est sans doute pas étrangère.