Les élus de la communauté de communes Bièvre-Isère viennent de lancer une grande opération, appelant leurs administrés à la mobilisation pour équiper tous les habitants en masques. Et les bénévoles ont répondu à l'appel.
Les chiffres donnent le vertige : 4,5 km de tissu coton, 2,2 km de tissu molleton ou polyester, 33 km d'élastique... La communauté de communes Bièvre-Isère a vu les choses en grand pour lutter contre l'épidémie de nouveau coronavirus en lançant son opération "Tous masqués en Bièvre-Isère".
Les élus locaux tentent de mobiliser tous azimuts : couturières, personnes âgées... Autant de bénévoles appelés à confectionner assez de masques en tissu pour équiper tous les habitants du territoire. Car si, dans chacune des 54 communes, "dix personnes réalisent 10 masques par jour, c'est une production quotidienne de 5 000 masques", calcule le président de la communauté de communes Bièvre-Isère, Yannick Neuder, dans une vidéo publiée sur Facebook.
Vingt-deux communes sont déjà équipées en matériel et ont pu lancer la production, toutes les autres le seront dès ce jeudi 9 avril. Un "beau réseau de solidarité" s'est mis en place, mobilisant entre 10 et 20 couturières par commune pour fabriquer ces protections bénévolement. Ce qui devrait permettre à "la plupart des habitants d'être équipés en masques ce week-end", annonce le président de la collectivité.
"Il est extrêmement important de laisser les masques chirurgicaux et FFP2 aux professionnels de santé", rappelle-t-il, estimant qu'il est tout aussi essentiel "de pouvoir aller plus loin". Ces masques artisanaux, fabriqués à partir d'un patron réalisé par le CHU Grenoble-Alpes, vont être distribués à "toute la population sans obligation" afin de "limiter la transmission du virus". Prendre un arrêté contraignant les habitants à porter un masque "ou toute autre pièce de tissu", comme c'est le cas à Val-d'Isère, n'est donc pas à l'ordre du jour.
"Ne pas perdre de temps"
"On sait que le virus se transmet par voie aéroportée, c'est-à-dire par gouttelettes : lorsqu'on parle, même sans le vouloir, on peut le transmettre", résume Yannick Neuder, également médecin au CHU de Grenoble, qualifiant cette initiative de "mesure de prévention primaire".
Le président de la collectivité rappelle toutefois que le port du masque ne dispense pas de respecter les gestes barrière, et encore moins le confinement. Les équipements fabriqués par les bénévoles ne sont pas homologués et, forcément, moins protecteurs que les masques chirurgicaux. Mais Yannick Neuder a voulu "ne pas perdre de temps, faute de mieux (...) pour protéger la population au plus vite."
Mais porter un masque de protection n'est pas une mesure habituelle pour nombre de Français. Comment le positionner, mode de lavage, de séchage... Un "guide de bonnes pratiques" est remis à la distribution du masque pour en expliquer l'utilisation.
Pendant plusieurs semaines, le gouvernement et les autorités sanitaires ont répété que le port du masque par le grand public n'était pas conseillé. Depuis début avril, le ton a changé. "Si nous avons l'accès à des masques, nous encourageons effectivement le grand public, s'il le souhaite, à en porter", a déclaré le directeur général de la santé Jérôme Salomon. Le port du masque n'est, à ce jour, pas obligatoire en France. "Nous prendrons une décision quand il y aura un consensus scientifique", a annoncé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye ce jeudi.