Les images de la crue déferlant sur l'Oisans ont marqué les esprits. Les infrastructures touristiques tentent tant bien que mal de reprendre la saison et de rassurer les visiteurs qui hésitent désormais à se rendre sur le territoire. Au grand dam des hôteliers et des restaurateurs, pour qui l'été est une période cruciale.
Difficile, ce mardi 25 juin, à Venosc (Isère), de conseiller les randonneurs. Comment continuer à promouvoir un territoire sinistré, en partie interdit, sachant que la situation évolue de jour en jour ? Au bureau d'information touristique de la commune, Loïc Troisky répond tant bien que mal aux quelques promeneurs du jour.
“C'est compliqué de renseigner les gens quand on découvre au fur et à mesure les informations. On a des routes qui sont fermées, des commerces, des activités qui ont été impactées, on ne sait pas combien de temps il va leur falloir pour reprendre, explique le chargé d'accueil. Sachant qu’on attaque la saison d’été, qui est la plus importante pour nous. Donc, on va essayer de faire du mieux pour reprendre le plus vite possible."
"Nous sommes là, et nous voulons travailler"
Au bord du Vénéon, Chantal Girard, propriétaire d'un hôtel-restaurant, attendait 60 clients, le 21 juin dernier. Ils ne sont jamais arrivés. Elle a pourtant embauché tout son personnel pour la saison qui, ici, ne dure que trois mois. "Nous étions prêts à accueillir toute notre clientèle : les frigos sont pleins, les caves sont pleines, le personnel est d’attaque pour cette saison. Et la catastrophe arrive. Pour nous, c'est une perte financière."
"Les clients s'imaginent vraiment qu'on est perdus. Au sommet de la vallée, la Bérarde est gravement endommagée, mais le fond de vallée vit. Nous sommes là, et nous voulons travailler, et nous voulons prendre soin de nos clients."
Plus haut, dans le vieux village de Venosc, d'habitude noir de monde, un seul restaurant accueille quelques clients solidaires. "Ici, l'été représente 80 % du chiffre d'affaires. On avait embauché sept personnes. Hier, on a rompu quatre contrats, qui ne viendront pas. On limite la casse. Peut-être que ça sera encore pire après, on ne sait pas du tout", témoigne Bruno Chaperon, restaurateur.
Cette période de l'année est cruciale pour les professionnels du tourisme. "Si on n'arrive pas à palier cela, ça sera très compliqué pour la suite. On creuse la trésorerie, on creuse le déficit... Et après, est-ce qu’on tient encore ? C’est pas sûr, souffle le chef. Le problème, il est là. Refaire cette vallée, c'est pas un mois, deux mois, six mois. C'est quelques années. Est-ce qu'on va tenir ? Je ne sais pas."
Les visiteurs "bientôt" de retour ?
Les responsables du tourisme et du parc national des Écrins diagnostiquent l'état des sentiers. Mis à part la Bérarde, ravagée, leur message se veut rassurant. "On a passé la période de l’urgence. Là, on est dans la période de sécurisation. Expertise au niveau des ouvrages sur les routes, au niveau des sentiers... On voit ce qu’il est possible de faire", indique Caroline Sillon, directrice de l'Office de tourisme de l'Oisans.
"On peut dire qu'on se met en ordre de marche pour bientôt réaccueillir tous les visiteurs, mais le bientôt, je ne peux pas vous dire si c'est après-demain, dans une semaine...", conclut la responsable. Chaque année, la vallée du Vénéon accueille plus de 80 000 touristes l'été. Mais cette fois, impossible de chiffrer le nombre de visiteurs qui pourront s'y rendre.