Un nouvel épisode orageux a traversé l'Isère, mardi 25 juin, quelques jours après les crues torrentielles qui ont frappé l'Oisans. Aucune victime n'est à déplorer. La solidarité s'organise sur le territoire et les travaux de nettoyage débutent.
De violents orages ont éclaté en Isère, mardi 25 juin au soir, quelques jours après un premier épisode de crues torrentielles dans l'Oisans, au sud du département. Les sapeurs-pompiers ont recensé 143 demandes d'intervention sur tout le territoire, dont 138 pour des inondations, dans la soirée.
La mairie de Morette a vu son sous-sol inondé, une partie du centre hospitalier de Tullins a été recouverte par cinq centimètres d'eau, une voie ferroviaire a été touchée par une coulée de boue... France 3 Alpes fait le point sur la situation au lendemain des intempéries.
Perturbation de la ligne TER Grenoble-Valence
Les orages qui ont frappé une partie de l'Isère ont provoqué différents incidents sur le réseau de TER. La circulation entre Annecy et Chambéry a été interrompue, mardi 25 juin au soir, suite à une panne d'alimentation électrique. Le trafic a repris normalement sur la ligne ce mercredi 26 juin.
Le secteur de Moirans-Saint-Marcellin a également été interrompu, pour un temps, à la suite d'"une coulée de boue qui s'est déclenchée aux alentours de 20 heures" et la présence d'un arbre sur les voies, précise par téléphone le service d'astreinte de la SNCF Auvergne-Rhône-Alpes.
⚠️Point sur les incidents en cours, liés aux orages violents :
— SNCF TER AURA (@SNCFTERAURA) June 25, 2024
🔴 Le trafic reste interrompu ce soir entre Chambéry et Annecy (panne d'alimentation électrique).
🔴 Le trafic entre Moirans et Saint-Marcellin est interrompu jusqu'à nouvel ordre (arbre et coulée de boue).
"Les deux voies ont été touchées dans les deux sens. Les équipes intervenues ont dégagé au moins une voie, sur l’axe Grenoble vers Valence, pour ne pas laisser de voyageurs en déshérence dans les gares", indique-t-on à la permanence. Au lendemain des intempéries, la voie est à nouveau accessible dans les deux sens de circulation, mais le trafic est "ralenti".
"Quelques travaux doivent être réalisés ce matin", ajoute la permanence. Des vérifications doivent être opérées sur les "installations de signalisation de passage à niveau, par lequel est arrivée cette coulée de boue, entre Poliénas et Tullins". Dans l'attente du retour à la normale, "les voyageurs sont invités à consulter le site TER AURA pour voir si leur train circule bien ou s’il est reporté".
L'Albenc surprise par les eaux
Le village de l'Albenc, qui compte près de 1 200 habitants, a été surpris par de violents orages en fin d'après-midi. "La pluie s’est mise à tomber à 17h30, le ruisseau est sorti de son lit vers 18h30, et il a continué pendant une bonne heure, relate Albert Buisson, maire de L'Albenc (sans étiquette). Le centre du village est resté inaccessible quelque temps."
🌊 Après l'orage, et pendant une partie de la nuit dernière, un élan de solidarité s'est mis en place afin de nettoyer les rues et effacer les stigmates de cet orage à l'Albenc.
— Météo Centre-Isère (@MeteoIsere) June 26, 2024
Photo de Olivia Teodori. pic.twitter.com/AtWUW0Fubw
"Tout le cœur du village s’est retrouvé avec 50 à 60 centimètres d’eau. Les rez-de-chaussée ont été inondés, toute la partie centrale de la commune était impraticable." Si les dégâts restent "minimes" en centre-ville, trois maisons des hameaux environnants, Pierre Brune et Chapuisière, ont été plus durement touchées.
"L’eau est arrivée par l’arrière des maisons, la baie vitrée a cédé et a tout emporté, pour sortir de l'autre côté", raconte le maire de L'Albenc. Une dizaine de personnes ont ainsi été relogées. La solidarité s'est immédiatement organisée "hier soir, entre voisins, jusqu'à une heure du matin". "Les habitants ont mis un message sur Facebook. Les gens ont répondu présent avec leurs balais et leurs raclettes pour faire le nettoyage des rez-de-chaussée des maisons."
⛈️ Un orage diluvien s'est abattu à l'ouest de Grenoble ce soir. La commune de L'Albenc a subi d'importantes inondations. 🌊 (© Denis Métral-Deschamps) pic.twitter.com/QswS3SGhaP
— Météo Express (@MeteoExpress) June 25, 2024
Ce mercredi 26 juin au matin, les opérations de déblai ont démarré à L'Albenc. "Les entreprises et les communes ont joué le jeu : nous avons à disposition deux engins pour nettoyer les rues, la commune de Saint-Marcellin va nous envoyer un balayeur pour enlever la boue, des bennes ont aussi été mises à disposition pour que les habitants puissent jeter les objets abîmés."
Selon l'édile, "une partie de la situation sera rétablie ce soir", saluant "la solidarité qui fait chaud au cœur".
"Un ruisseau" devenu "torrent" à Cras
À quelques kilomètres de là, la commune de Cras a elle aussi subi d'importants dégâts. “Vers 18h-18h30, une perturbation stagnait sur l’Échaillon, au-dessus de Voreppe. Quand ça vient de là, ce n’est pas très bon signe, indique Olivier Soehnlen, conseiller municipal à Cras. Elle se déplaçait très lentement, en parcourant les contreforts des Chambarans, où il y a de multiples cours d’eau. Ils se sont gorgés très rapidement."
"Les arbres, les branches, les herbes" charriés par les eaux "ont bouché le passage au niveau de la rivière et créé une retenue d’eau artificielle. Elle a fini par céder et cela a généré une vague vers les villages en contrebas." À Cras, l'eau s'est déplacée de la mairie à la salle des fêtes, des caves ont été inondées, "la route principale du village est devenue une rivière", et "20 centimètres d'eau" se sont accumulés devant l'école.
Selon Olivier Soehnlen, une demande de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour la commune de Cras est en cours. Pour l’heure, les agriculteurs du village ont “donné un coup de main” avec leurs “tracteurs”. “Les herbes, les cailloux ont déjà été dégagés. Le plus urgent, pour que les gens puissent retourner au travail, à l’école quand ils le peuvent."
Le village devra ensuite "faire constater les dégâts". "Il ne suffit pas de reboucher. Si un nouvel épisode se produit cet été, on fait comment ? Cette situation va se répéter à l’avenir : on doit se poser la question de la gestion de l’eau, de l’aménagement du territoire. On ne va pas déménager toutes les semaines ! Dans nos villages, on n’a pas forcément les moyens de commander une étude hydrologique."