Des combats de vaches Hérens étaient organisés ce dimanche à la station des Sept-Laux, en Isère. Tradition venue de Suisse, ces événements visent à mettre en valeur la race montagnarde. Mais une association dénonce des combats "contraires au bien-être animal".
À 1 500 mètres d’altitude, le brouillard a recouvert les forêts d'où seul le bruit des cloches émerge. Une trentaine d’éleveurs venus de toutes les Alpes se sont réunis dimanche 2 juin aux Sept-Laux (Isère), dans le massif de Belledonne, pour présenter leurs plus belles vaches, veaux et génisses de la race Hérens.
"C'est l'une des plus vieilles races au monde : on a retrouvé des ossements datant de 3 000 ans avant Jésus-Christ dans l'arc alpin. C'est une race typiquement montagnarde", sourit Christophe Cloitre, éleveur de vaches Hérens en Chartreuse.
Connues pour leur fougue et leur belle robe noire, les vaches Hérens sont l’attraction du jour pour ces premiers combats de reines en Belledonne. Cette tradition suisse arrivée en France il y a une trentaine d'années fait s’affronter deux vaches dans une arène, devant des spectateurs.
"C'est dans leur caractère"
"Entre elles, elles ne se font pas de cadeau parce que c'est dans leur caractère, c'est comme ça. On ne leur a pas appris. Déjà toutes petites, elles ont besoin d'instaurer une hiérarchie mais avec l'homme, c'est des crèmes", assure Jeanne Dompnier, éleveuse de vaches Hérens en Maurienne.
Tout autour de l'arène, des rabatteurs surveillent les bêtes qui luttent, tête contre tête. "On fait au mieux pour que le combat se déroule bien, que les bêtes ne se blessent pas", explique Killian Gaillard, éleveur à Sainte-Agnès, en Belledonne. "Si on voit qu'une vache ne veut pas lutter, on demande à son propriétaire de la rattacher."
Le combat de reines est un véritable folklore originaire du Valais, en Suisse, ce que dénonce l'association savoyarde Ajas (Association justice animaux Savoie). Sa pétition, lancée en début de semaine, épingle les conditions dans lesquelles se déroulent ces combats "harassants", "au milieu d’une foule excitée, du bruit des micros et du son assourdissant des lourdes cloches qu’elles portent à leur encolure".
Polémique sur le bien-être animal
"Ils ont leurs opinions, ils ont le droit de les manifester. Nous, on a cette passion. (...) La maltraitance n'existe pas chez nous. On fait le maximum pour qu'elles soient bien, tranquilles", répond Estelle Mars, organisatrice de l'événement et éleveuse de vaches Hérens sur le balcon de Belledonne, affirmant que les accidents sont "très rares".
L'Ajas demande l'arrêt de ces combats "contraires au bien-être animal", notamment en raison du transport de ces vaches, venues de nombreux départements alentours. "Elles ont l'habitude de monter dans la bétaillère, elles le font à chaque fois qu'on les change de parc. Il n'y a aucun stress. On a ouvert les portes et tout le monde est monté dedans. Elles aiment ça", estime Jean-Pierre, éleveur à Saint-Vincent-de-Mercuze.
Au terme de cette journée de combats, la vache gagnante, la "reine des reines" est désignée par le jury. En signe de victoire, elle remporte la plus belle cloche.