Si votre pharmacien est capable de trier votre panier de champignons, c'est qu'il est formé à la mycologie : les cours font partie du cursus et se tiennent à ciel ouvert, comme dans le massif de Belledonne.
- "Regardez ce reflet rose des spores, au niveau des lames, on pense à ?
- Antoloma.
- Antoloma, ça donne des gastro-entérites sévères, très toxiques.."
Rien ne vaut le terrain pour apprendre à reconnaître les champignons. C'est pourquoi cette année, le cours de mycologie des 5ème année de pharmacie de Grenoble se déroule dans la forêt de Belledonne, à Saint-Martin d'Uriage.
Face au professeur, une quarantaine d'élèves, déjà très au point : ils révisent les bases pour distinguer les toxiques et les comestibles. Aspect, couleur… chaque détail compte pour chaque espèce.
"On regarde les lames, confirme Elisa Quenard, étudiante en pharmacie. Comment elles sont insérées sur le pied, si elles sont échancrées, décurrentes, etc... Le chapeau de l'extérieur, est-ce qu'il est floconneux, mamelonné ? Et on peut aussi sentir parce que l'odeur, c'est hyper important pour savoir à quelle famille le champignon appartient."
C'est surtout de bien identifier le bon genre et la bonne espèce car il y en a qui se ressemblent beaucoup ! Certains vont être comestibles et d'autres non, donc on peut vite confondre deux espèces différentes.
Emma Deffaugt, étudiante en 5ème année de pharmacie
Sur quelque 3000 espèces, seule une centaine est comestible. Beaucoup sont trompeuses, même parmi les bolets ou les giroles.
"Ici vous avez le bolet erythropus : le bolet rouge, poursuit le professeur. Bon comestible, à condition qu'il soit bien cuit."
Les noms scientifiques en latin sont aussi de rigueur dans la formation des futurs docteurs en pharmacie. En cas de doute, c'est leur savoir qui conduira ou non les ramasseurs de champignons jusqu’à leur assiette. L’an passé, plus de 1200 intoxications ont été recensées en France, dont quatre mortelles.