A Saint-Laurent-du-Pont en Isère, François Galichet, membre d'Ultime Liberté, a été placé en garde à vue. Son association milite pour la légalisation du suicide assisté. Dix personnes sont dans la même situation en France, dans le cadre d'une vaste enquête sur le "trafic" de Pentobarbital.
En juillet 2019, le Pôle Santé Publique du Parquet de Paris confiait une enquête préliminaire à la Gendarmerie Nationale, concernant notamment l'importation, la détention, et l'emploi illicite d'une substance classée comme psychotrope.
Le produit visé, du Pentobarbital qualifié de "Nembutal", interdit en France depuis 1996 pour la médecine humaine, est parfois utilisé par des personnes souhaitant mettre fin à leurs jours.
C'est pour cela que la justice s'intéresse de près aux adhérents de l'association Ultime Liberté, qui militent justement pour la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire en France.
L'association revendique plus de 3 000 membres, plus de 200 en Isère.
Une enquête nationale de grande ampleur
Le 15 octobre 2019, dans le cadre de cette vaste enquête nationale, 300 officiers de police judiciaire avaient réalisé 103 perquisitions et saisi 130 flacons susceptibles de correspondre au produit recherché.
A l'époque, nous avions rencontré une adhérente grenobloise d'Ultime Liberté, qui avait fait l'objet d'une perquisition. Isabelle nous expliquait alors le sens de son engagement.
Selon nos informations, les gardes à vue initiées ce 12 janvier 2021 seraient réalisées à la demande du juge d'instruction qui poursuit l'enquête déclenchée à l'automne dernier.
Parmi les 10 personnes gardées à vue aujourd'hui, l'Isérois François Galichet, 77 ans, ancien professeur de philosophie à l'Université, ancien vice-président national d'Ultime Liberté.
Il a beaucoup écrit sur le sujet. C'est sans doute pour cela que sept enquêteurs de l'OCLAESP fouillent ses nombreux documents depuis ce matin au domicile familial de Saint-Laurent-du-Pont.
Son épouse nous commente en direct l'opération au téléphone : "tous ses papiers sont screenés comme s'il s'agissait d'un bandit de grand chemin. Mon mari hésite entre l'humour et l'exaspération".
Elle ajoute, avec le sourire, que l'opération se déroule dans la courtoisie. Son mari, gardé à vue depuis 7 heures ce matin, pourrait passer la nuit en cellule. "Une expérience de plus pour lui !" dit-elle.
Décidément, les militants d'Ultime Liberté prennent la vie, comme la mort, avec beaucoup de recul.