Gisèle Halimi, figure féministe et ancienne députée de l'Isère, est morte à l'âge de 93 ans

Gisèle Halimi s'est éteinte ce mardi à l'âge de 93 ans. Elle a consacré sa vie à la cause des femmes, notamment lorsqu'elle est entrée en politique en tant que députée de l'Isère.

Avocate, ancienne députée de l'Isère, écrivaine et figure du féminisme. Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et au droit à l'avortement, est décédée mardi 28 juillet à l'âge de 93 ans. "Elle s'est éteinte dans la sérénité, à Paris", a déclaré à l'AFP l'un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu "une belle vie". "Elle a lutté pour arriver à ses 93 ans", a ajouté son fils.

"Pour Gisèle Halimi, le féminisme était un humanisme. La France perd une républicaine passionnée qui, comme avocate, militante et élue, fut une grande combattante de l'émancipation des femmes", a salué sur Twitter le président Emmanuel Macron. Une pluie d'hommages lui est rendue sur le réseau social, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot saluant une "avocate infatigable des droits de femmes, magnifique écrivaine, militante déterminée", tandis que sa collègue déléguée à l'Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno a distingué une "rebelle infatigable (qui) s'est battue toute sa vie pour améliorer le sort des femmes".

"De l'indépendance des peuples à l'émancipation des femmes, #GiseleHalimi incarne cette énergie fondatrice de la République: dans la rue, dans les prétoires jusqu'au parlement, partout, la liberté n'est pas un cadeau qu'on nous offre. La liberté est une conquête que l'on gagne", a écrit le maire de Grenoble, Eric Piolle, sur Twitter.
 


Issue d'une famille modeste, Gisèle Halimi est née le 27 juillet 1927 à La Goulette en Tunisie. Avocate engagée, elle se fait notamment connaître lors du procès emblématique de Bobigny, en 1972, où elle défend une mineure jugée pour avoir avorté suite à un viol. Elle obtient la relaxe de la jeune femme et parvient à mobiliser l'opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l'avortement, début 1975, avec la loi Veil.

Fondatrice en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir de l'association pour le droit à l'avortement "Choisir la cause des femmes", elle est la même année l'une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté.

 

Du barreau à la politique


Élue députée de l'Isère (apparentée PS) en 1981, elle poursuit son combat à l'Assemblée, cette fois-ci pour le remboursement de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement voté en 1982. Avant de prendre ses distances avec le Parti socialiste après son élection à l'Assemblée. Elle y fera voter, en 1982, un amendement instaurant un quota pour les femmes aux élections. Une mesure mise en échec par le Conseil constitutionnel qui le considère comme une entrave à la liberté du suffrage et à la libre expression de la souveraineté nationale.
 

Ses débuts dans la 4e circonscription de l'Isère, qu'elle a découvert peu avant son élection, ont été tumultueux. La candidate n'a eu que trois semaines de campagne pour séduire l'électorat socialiste, encore choqué par la mort de Jacques-Antoine Gau à qui elle a succédé en tant que candidate de la gauche, peut-on lire dans les archives du Monde.

"Après les inévitables mouvements de curiosité provoqués par l'avocate parisienne dans cette terre dauphinoise qui lui valurent un public nombreux dès ses premières réunions, Mme Gisèle Halimi semble avoir surmonté deux obstacles difficiles qui rendaient au départ son combat incertain : être femme et militante féministe", écrivait alors le journal national. Remportant 33,21% des voix au premier tour, Gisèle Halimi a réussi à convaincre les derniers récalcitrants au second. Elle restera députée de cette circonscription iséroise jusqu'en 1984.

 

"Révolte générale"


En 1998, elle fait partie de l'équipe qui crée Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne). Parallèlement à sa carrière d'avocate, elle a mené une carrière d'écrivain. Parmi sa quinzaine de titres, figurent "Djamila Boupacha" (1962), du nom d'une militante emblématique du FLN, et une oeuvre plus intimiste comme "Fritna", sur sa peu aimante mère (1999), "pratiquante juive totalement ignorante".

Mère de trois garçons, dont Serge Halimi, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, elle a confié qu'elle aurait aimé avoir une fille pour "mettre à l'épreuve" son engagement féministe. "J'aurais voulu savoir si, en l'élevant, j'allais me conformer exactement à ce que j'avais revendiqué, à la fois pour moi et pour toutes les femmes", a-t-elle dit au Monde en 2011.

Dans une longue interview accordée au journal Le Monde en septembre 2019, la nonagénaire s'étonnait encore que "les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale".

 
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