Jusqu’au 11 décembre 2023, les habitants de Voiron, Saint-Jean-de-Moirans et Moirans peuvent donner leur avis sur le projet de raccordement entre l’autoroute A48 et la route départementale 592. Une route de 1,4 km et 25 millions d'euros qui divise élus et associations de riverains.
"Toutes les études montrent que cette liaison capterait un trafic de 13 000 véhicules par jour" explique le président du Département de l’Isère, à l’origine du projet de raccordement entre l’autoroute A48 et la route départementale RD592, dans le Pays Voironnais. Pour Jean-Pierre Barbier, cet axe "soulagerait les autres routes départementales et locales en facilitant le rabattement sur l’A48 et la rocade de Voiron". Ce projet qui concerne directement les communes de Voiron, Moirans et Saint-Jean-de-Moirans questionne certains élus et habitants.
Un projet estimé à 25 millions d’euros
La route se connectera "à la RD592 par un giratoire puis franchira l’A48 par un passage inférieur avant de se raccorder au giratoire situé à la sortie du diffuseur de Champfeuillet" décrivent les services du Département, maître d’ouvrage de ce projet estimé à 25 millions d’euros, dont 6 millions d’euros seraient financés par la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais.
Ci-dessous, une carte représentant (schématiquement) le tracé prévu de cette liaison entre le rond-point diffuseur de l'A48 et la RD592. La route, longue de 1400 mètres - qui passera sous l'autoroute A48 - longera le péage, la voie impériale et la route de Champfeuillet jusqu'au fond de la vallée de la Morge.
"Les objectifs attendus sont nombreux", écrit le président de la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais Bruno Cattin, ajoutant vouloir "garantir une desserte fiable du nouvel hôpital et des équipements structurants au nord de Voiron, apaiser la circulation dans le cœur de Voiron et la traversée de Moirans (…) et retrouver de la sécurité sur les communes de Saint-Cassien, Réaumont, Charnècles".
Pour l’association de soutien pour l’achèvement du contournement routier de Voiron – qui regroupe 350 adhérents sur le territoire – ce projet est l’occasion de "rabattre le trafic sur un axe adapté". Fabien Sillon, le président de cette association "apolitique" de riverains, explique que la situation actuelle est "invivable" pour certains habitants de Moirans, Saint-Cassien, Voiron ou encore Charnècles qui vivent tout près des routes départementales très empruntées au quotidien.
Le trafic existant, actuellement sur les voiries de dessertes locales, a beaucoup d’impacts pour les riverains.
Fabien Sillon, président de l'association de soutien pour l'achèvement du contournement routier de Voiron
"Nous avons des fissures dans nos maisons, des toitures sont soulevées, des lignes téléphoniques sont régulièrement arrachées par des poids-lourds, sans compter les contraintes de pollutions sonores ou de l’air" poursuit cet habitant de Saint-Cassien, pour qui, l’achèvement de ce projet serait une bonne nouvelle.
Le projet questionne et divise
Pourtant, cette liaison routière est loin de faire l’unanimité. "On reporte le problème ailleurs" lâche Stéphane Rey, président de l’association Laisse Béton Pays Voironnais. "Pour éviter tous ces problèmes de circulation, la solution serait la réduction du trafic avec la mise en place de mobilités douces, une meilleure offre de transports publics, du covoiturage et de l’auto partage" poursuit-il, évoquant également l’impact environnemental de ce projet.
Le Département de l’Isère, qui assure que "ce projet facilitera le développement du secteur et de toutes les mobilités (aménagements cyclables, transports en commun)" affirme également que "le tracé a été optimisé pour réduire les impacts environnementaux".
Un inventaire des espèces naturelles a été réalisé pendant plus d’un an et des mesures ambitieuses d’évitement, de réduction et de compensation des impacts sur la biodiversité sont proposées.
Le Département de l’Isère.
"Lorsque nous avons eu connaissance de la relance du dossier, nous avons décidé de réaliser une étude participative sur la surface du tracé envisagé" explique Jean-François Noblet, l’un des co-présidents de l’association environnementale Le Pic Vert.
Pendant un an, avec 32 bénévoles et des scientifiques de haut niveau, nous avons parcouru le site de jour comme de nuit, pour recenser la faune et la flore.
Jean-François Noblet, président de l'association Le Pic Vert
Les résultats disponibles sur internet, font état de :
- 56 espèces d’oiseaux recensés dont 45 protégés par la loi,
- 9 espèces de chauve-souris protégées par la loi,
- 28 espèces de mammifères terrestres et volants dont 12 sont protégées par la loi et 27 sont notées dans la liste rouge de l’Isère,
- 5 espèces de reptiles-amphibiens,
- Des dizaines d’espèces d’insectes…
"On s’est rendu compte que les résultats obtenus sont largement supérieurs à ceux produits par le conseil départemental dans une étude de 2014" poursuit Jean-François Noblet qui a récemment appris "que de nouveaux inventaires ont été faits par la collectivité". "On demande à voir les résultats et de vérifier s’ils sont conformes aux nôtres, et le cas échéant, exiger des compléments d’étude" poursuit le membre de l’association Le Pic Vert.
"Ni pour, ni contre"
L’association Le Pic Vert n’est donc "ni pour, ni contre" le projet pour le moment. Tout comme la maire de Moirans, qui a "encore beaucoup d’interrogations sur ce projet coûteux". En effet, Valérie Zulian se questionne sur "différentes problématiques telles que le trafic, l’impact sur l’environnement, les commerces". Cette dernière confie avoir sollicité les services du Département afin d'avoir des informations sur un "comptage au niveau du trafic" et regrette de ne pas avoir encore eu les résultats.
L'édile ajoute que le 4 avril dernier, un débat citoyen était organisé à Moirans "en présence de 180 habitants" afin que "la population puisse être informée et exprimer son ressenti". Parmi les impacts évoqués dans ce journal municipal, "une artificialisation des sols de 3,5 hectares", ou encore "un trafic accru de véhicules et poids-lourds (…) obligatoirement généré par la création de cette nouvelle route".
De plus, "cette nouvelle liaison se fera sur un talus très raide et cela demandera des aménagements importants, de gros travaux de nivellement et de terrassement" précise Olivier Rossetto, conseiller municipal délégué aux mobilités qui ajoute "qu'aucune voie de détresse n’est prévue" dans le projet. Pour Alain Russier, premier adjoint en charge de la transition écologique, "ce projet est d’un autre âge".
On souhaite la réduction du nombre de voitures et on sait que cette nouvelle voierie va créer un appel d’air.
Alain Russier, premier adjoint en charge de la transition écologique (Moirans)
Les élus de Moirans proposent plusieurs alternatives à la création de cette liaison A48-RD592, telles que "la gratuité du tronçon entre Voiron-Champfeuillet et Moirans-Mauvernay" ou encore la sécurisation des voiries les plus fréquentées à l’heure actuelle. Ils organiseront une nouvelle réunion publique le lundi 27 novembre à Saint-Cassien, à partir de 20h30.
🔊LIAISON A48-RD592 : La concertation publique démarre ce 13 novembre. Vous avez jusqu'au 11 décembre pour vous informer et échanger sur le projet de liaison qui s’inscrit sur le territoire de la Communauté d’agglomération du @PVoironnais
— Isère (@CDIsere) November 13, 2023
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La concertation publique est lancée
Ce projet est actuellement au cœur d’une concertation publique qui se poursuit jusqu’au 11 décembre. Les habitants de Voiron, Saint-Jean-de-Moirans et Moirans sont invités à s’exprimer, soit dans les registres présents en mairies, soit lors de réunions publiques :
- Le 22 novembre à la mairie de Moirans de 17h à 19h,
- Le 5 décembre à la mairie de Saint-Jean-de-Moirans, de 17h à 19h,
- Le 7 décembre à la salle Louis Barran de Moirans à partir de 18h30,
- Le 11 décembre à la mairie de Voiron, de 17h à 19h.
Un atelier sur la biodiversité est également organisé le mercredi 29 novembre à 19h à la mairie de Saint-Jean-de-Moirans (inscription par courriel au liaison-a48-rd592@mail.registre-numerique.fr).