Un respirateur à bas coûts, adapté à la crise du coronavirus, a été conçu par des entrepreneurs et chercheurs entre Nantes et Grenoble. Le tout en seulement quelques semaines.
Le coronavirus continue sa progression dans le monde tandis que le risque de pénurie de matériel médical grandit. Il n'en fallait pas plus aux chercheurs du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble pour se mobiliser. En quelques semaines, ils ont conçu les premiers prototyps d'un respirateur artificiel : le MakAir. Un équipement dont le coût de production est évalué à 1 000 euros, jusqu'à 40 fois moins qu'un respirateur ordinaire.
"On doit être prêt pour pouvoir (le) produire dès lors que c'est possible et c'est ce à quoi toutes nos équipes se préparent. On est dans les starting-blocks", a déclaré Thierry de La Tour d'Artaise, PDG du groupe français Seb qui s'est engagé à produire ce respirateur à bas coûts. Cet équipement reste dans l'attente de l'autorisation pour commencer des essais cliniques.
"Il ne s'agit pas de bricoler, il s'agit de faire un véritable respirateur qui soit parfaitement conforme (...) Je suis persuadé, malheureusement, qu'il y aura des besoins", a-t-il ajouté, en saluant un "projet extraordinaire" dans ce contexte de pandémie de Covid-19.
Bientôt des essais cliniques sur l'homme
Le respirateur MakAir est un projet né entre Nantes et Grenoble, conçu par le collectif "Makers for life", constitué d'entrepreneurs, de "makers", de chercheurs, de professionnels de santé et d'ingénieurs. "Ça a commencé au tout début du confinement par un coup de fil de (l'entrepreneur) Quentin Adam (...) On a imaginé de lancer un respirateur dédié à la crise sanitaire du Covid en période de confinement et en agrégeant toutes les énergies", a expliqué le Professeur Pierre-Antoine Gourraud, du CHU de Nantes.
Les premiers prototypes ont été conçus au CEA de Grenoble, avec l'aide financière de la région Auvergne-Rhône-Alpes. "On est capable de proposer un respirateur qui a toutes les fonctions essentielles, qui a subi toutes les validations réglementaires possibles en temps de crise, et qui est produit à bas coûts", a souligné M. Gourraud.
Ce respirateur a été testé sur des poumons artificiels ainsi que sur deux cochons, selon la même source. Les porteurs du projet attendent désormais l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour commencer des essais cliniques sur l'homme, qui auront lieu dans les centres hospitaliers de Nantes et Brest.
La Région a participé au défi fou d’entrepreneurs de fabriquer un respirateur 100% français pour nos hôpitaux. Présenter ce travail collectif titanesque, mené avec @CEA_Officiel, collectivités, industriels et start-up est une fierté et un espoir pour les malades du #COVID19. pic.twitter.com/aIxWcFk0gU
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) April 22, 2020
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a salué un "outil de lutte à l'échelle de la planète" contre le Covid-19, avec un "respirateur robuste, facile à utiliser et accessible pour tout le monde en coût de fabrication". "Mes confrères présidents de région du Mali me disent : au Mali, on a 10 respirateurs. Et ils ne pourront jamais acheter les respirateurs à 50 000 euros, c'est mort", a estimé M. Wauquiez, qui a annoncé vouloir équiper les hôpitaux de sa région avec ce respirateur "parce qu'on a passé un pic de crise, mais on ne sait absolument pas de quoi peut être fait l'avenir".