Les commerçants non sédentaires peinent à retrouver leur place sur les marchés de la métropole grenobloise. Face aux mesures sanitaires en vigueur, beaucoup de communes donnent la priorité aux stands alimentaires.
Les marchés rouvrent au compte-goutte dans l'agglomération de Grenoble. Il s'agit d'appliquer des mesures sanitaires strictes pour ne pas risquer un rebond des cas de Covid-19, juste après le déconfinement. Depuis lundi, les commerçants non sédentaires sont autorisés à déballer leurs étals partout en France.
Mais en Isère, les vendeurs de vêtements, artisans et fleuristes trépignent. Pire, le président de l'Association des forains de l'agglomération grenobloise (Afag) a l'impression de crier dans le désert. "Je suis triste et atterré, lance Tahar Abdelhadi. Il a fallu que je monte au créneau pour avoir un semblant de réponse sur la reprise de notre activité."
Car malgré l'autorisation délivrée par le gouvernement, ils ne sont admis qu'à la marge sur les marchés de l'agglomération. "Les commerçants non sédentaires sont à l'agonie" après deux mois d'inactivité due au confinement, alerte le président de l'Afag, association qui représente une grande partie des marchands forains du secteur.
"On a envie de travailler"
Pourquoi ce retard au redémarrage ? Car en Isère, tous les étals doivent être espacées de 5 mètres. Une mesure prise par le préfet dans le cadre de la crise sanitaire, et provoquant des difficultés de réouverture pour certains marchés où l'espace est limité. C'est le cas à Echirolles où seuls les stands alimentaires sont admis en cette première semaine de déconfinement. La municipalité dit vouloir se laisser du temps pour respecter au mieux les règles sanitaires. Les autres commerçants non sédentaires seront admis plus tard, au cas par cas.
"Depuis le début de la crise, on demande aux gens de s'espacer de 1 mètre. Pourquoi, nous, on doit être espacés de 5 mètres ?", questionne Tahar Abdelhadi, faisant part de son sentiment d'"injustice totale". De son côté, le préfet de l'Isère "ne comprend pas la polémique" engagée. Dans un communiqué, il explique que cette distance permet à chaque vendeur d'" accueillir ses clients dans des conditions de distance physique raisonnables". "Il appartient aux commerçants de dialoguer avec les maires pour trouver les solutions les plus adaptées à la configuration des marchés", ajoute-t-il.
Mais Tahar Abdelhadi ne décolère pas, pointant la réouverture de marchés non alimentaires dans certains départements où la circulation du virus est plus active. C'est le cas à Strasbourg, ville située dans une zone "rouge" sur la carte sanitaire, où les marchands forains pourront reprendre leur activité la semaine du 18 mai, rapportent les Dernières Nouvelles d'Alsace.
Sur le plan économique, Tahar Abdelhadi redoute une "catastrophe" et affirme que, dans le secteur de Grenoble, beaucoup de commerçants n'ont pas touché d'aide financière. "On a envie de travailler", plaide ce vendeur ambulant de linge de maison qui dit ne pas avoir d'horizon pour la reprise de son activité dans certaines communes.