La mobilisation est générale au Samu "Centre 15" de l'Isère. La propagation de l'épidémie de coronavirus entraîne une explosion du nombre d'appels. Des médecins retraités et des étudiants ont été appelés en renfort. Toutes les urgences vitales seraient assurées selon les responsables.
REPORTAGE. Au lendemain de l'annonce d'Emmanuel Macron, qui a décidé de fermer tous les établissements scolaires, le nombre d'appels au "Centre 15" de l'Isère a plus que doublé. On est ainsi passé de 2500 appels par jour à 5600. Le centre s'est rapidement retrouvé saturé mais depuis le week-end, le CHU a renforcé les effectifs en faisant appel à des étudiants en médecine et des médecins retraités.
Depuis vendredi dernier et le "pic de saturation" au Centre 15, tous les techniciens travaillent 24 heures sur 24, comme les soignants. Ils ont triplé le nombre de lignes téléphoniques. "On est passé de 60 lignes entrantes en simultané à 180. Et on a mis l'humain derrière pour pouvoir gérer cette capacité de lignes entrantes" explique une responsable.
"On répond parfaitement aux urgences vitales"
Dans la salle où se fait le premier tri des appels, le nombre de médecins régulateurs a doublé, le nombre d'assistants triplé. En renfort, une centaine d'étudiants en médecine, 50 internes et 50 volontaires de la Croix Rouge. Le 15 décroche désormais 85% des appels en moins de 60 secondes. "On répond parfaitement aux urgences vitales, c'est vraiment un des messages importants" assure le professeur Guillaume Debaty.Et le responsable du Samu 38 de préciser "Mais pour pouvoir maintenir cette réponse adaptée, il faut que les patients appellent à bon escient le centre 15."
Après un premier tri, les appels relatifs au Covid19, sans urgence vitale, sont transférés dans une autre salle, réquisitionnée pour l'occasion. "Est-ce que vous avez rencontré des personnes qui ont été malades depuis 14 jours" s'enquiert un médecin au téléphone ?
Médecins volontaires, libéraux, retraités, ils sont désormais 140 au bout du fil en Isère. "C'est normal, on est disponibles. Temps que c'est par téléphone et qu'on a pas de contact direct avec les malades, il n'y a aucune raison de ne pas aider" explique Michèle Duloquin. Subsistait une inconnue quant à la formation expresse dispensée à ces médecins obligés de reprendre du service : "c'était un peu l'inquiétude... est-ce qu'on va savoir ? Mais on est très bien briefés" assure Pascale Papillon, autre soignante mobilisée.
Eviter d'engorger les véritables urgences
Le CHU de Grenoble a aussi mis en place une troisième salle baptisée "covid.adom", comme "à domicile", pour les malades du covid 19 qui sont confinés même si leur état n'inspire pas d'inquiétude. Olivier Epaulard, infectiologue au CHU fait partie de l'équipe médicale : "les personnes qui ont peu de signes et qui n'ont par ailleurs pas de fragilité particulière, pas de maladie sous-jacente, on ne va pas les hospitaliser. Par contre, si leurs médecins nous le signalent, on va les appeler tous les jours pendant une semaine, et après tous les deux jours pendant une semaine pour s'assurer que malgrè tout, tout aille bien".Pour éviter d'engorger les véritables urgences vitales, les autorités sanitaires appellent les patients, qui souhaitent simplement avoir quelques informations sur la maladie, à appeler le numéro vert mis spécialement en place : 0 805 35 94 11.
Une équipe de France 3 Alpes a passé plusieurs heures au "Centre 15" de l'Isère pour en découvrir le fonctionnement.