Face à la remontée du nombre de cas de Covid, une nouvelle campagne est lancée depuis ce lundi 3 octobre, avec de nouveaux vaccins, ciblant le variant Omicron. Explications de Jean-Paul Stahl, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble.
La huitième vague de Covid-19 prend de l'ampleur en France et touche les départements des Alpes. Quelle est la situation du Covid en Isère, pourquoi faut-il une nouvelle campagne de rappel, voire de primo-vaccination, quelle est l'efficacité des nouveaux vaccins ?
France 3 Alpes fait le point avec le professeur Jean-Paul Stahl, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble-Alpes.
Une gravité du virus identique ?
"L'épidémie est en effet repartie. On parle d'une huitième vague, cela veut dire surtout que le virus continue à circuler, certes, de façon plus importante que cet été. Le retentissement sur les hospitalisations est en train de se faire sentir, pas du tout au niveau initial, parce que la population est vaccinée et du coup ça change tout, mais il n'empêche que les non-vaccinés sont une population à très haut risque, et la gravité pour eux reste exactement la même."
De nouveaux vaccins
La Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé d'utiliser l'un des trois vaccins adaptés aux sous-variants d'Omicron et récemment approuvés par l'Agence européenne du médicament. Il s'agit de deux vaccins issus du laboratoire Pfizer/BioNTech, et un de chez Moderna, adaptés au variant Omicron.
"Ce n'est jamais que l'évolution du vaccin initial, bivalent parce qu'il va être efficace à la fois sur les souches initiales, mais aussi prendre en compte les nouveaux variants. Il aura un spectre plus large, en sachant que le vaccin précédent ARN protégeait remarquablement bien contre les formes cliniques graves, mais moins bien contre l'infection. Donc on va avoir une sécurité supplémentaire avec l'arrivée de ce nouveau vaccin sur le marché."
Qui est concerné ?
Bien entendu tous ceux qui ne sont pas encore vaccinés, il est toujours temps de le faire, et pour ceux qui le sont déjà, c'est ce qu'on appelle une quatrième dose, ou le deuxième rappel.
Cette nouvelle campagne de rappel concerne toutes les personnes à risque, les plus de 60 ans, les plus fragiles et leur entourage, qui peuvent avoir une maladie sous-jacente qui peut être aggravée par le Covid, ou aggraver le Covid, comme les insuffisances rénales, cardiaques, respiratoires, diabète, immunodépressions, "bref des facteurs impératifs de cette quatrième dose."
Les femmes enceintes, enfants et adolescents à haut risque, ainsi que pour les professionnels des secteurs sanitaire et médico-social, sont aussi concernés.
"Les centres de soins vont recevoir les vaccins, car ce sont eux qui gèrent les malades les plus graves, avec des facteurs de risques. Mais la diffusion sera bien plus large, notamment dans les pharmacies, qui sont habilitées. Au-delà des personnes à risques, rien n'empêche les autres de choisir ce nouveau rappel, pour éviter des pathologies plus bénignes mais désagréables."
"Il y a même en préparation des vaccins combinés Covid-grippe, puisque l'on estime que le Covid va être une infection régulière, presque dire saisonnière. On ne l'a pas encore démontré, mais c'est vraisemblable, et il faudra sans doute une immunisation régulière contre ce virus, donc il est logique à terme de combiner les deux."
Des hospitalisations en hausse
"Nous sommes certes sortis de la crise aigüe du Covid qui a tout de même causé la mort de plus de 150 000 personnes en France. Mais il faut le redire : il faut vraiment se faire vacciner, si l'on ne veut pas se retrouver dans une configuration telle qu'on l'a connue au début."
Le département de l'Isère affiche en ce moment le plus haut taux d’incidence de la région, à 552 nouveaux cas sur sept jours pour 100 000 habitants. Et la courbe des hospitalisations est en très nette hausse, avec un total de près de 300 au 29 septembre.
Où et quand ? Les informations pratiques
La dose de rappel doit être administrée, indique le site de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes :
- dès 3 mois après la dernière injection ou infection pour les personnes âgées de 80 ans et plus, ainsi que pour les résidents en EHPAD et en USLD et les personnes immunodéprimées ;
- dès 6 mois après la dernière injection pour toutes les autres personnes éligibles.
En cas d’infection récente, le rappel est recommandé dès 3 mois après l’infection.
Le rappel devra être réalisé avec un vaccin bivalent, quel que soit le ou les vaccins utilisés précédemment. Ces vaccins ciblent notamment les variants du virus actuellement en circulation sur le territoire national (dérivés d'Omicron).
À compter du 18 octobre, conformément à la recommandation de la HAS, la co-vaccination contre le Covid-19 et contre la grippe doit être encouragée. Les deux injections peuvent être pratiquées le même jour, sur deux sites d’injection distincts. Si les deux vaccins ne sont pas administrés au même moment, il n’y a pas de délai à respecter entre les deux vaccinations.
- Pour les personnes âgées résidant en établissement, la campagne de rappel est organisée directement dans les EHAPD et USLD.
- Les autres personnes concernées doivent prendre rendez-vous dans un centre de vaccination dès à présent ou chez leur médecin.
Toutes les indications sur les lieux de vaccination sont disponibles sur www.sante.fr