Le maire de Pont-de-Claix, Christophe Ferrari, et celui de Jarrie, Christophe Guerrero, les communes où se situent Arkema et Vencorex, ont tenu une conférence de presse jeudi. Tous deux déplorent le manque d’engagement de l’Etat et appellent le ministre de l’Économie à se rendre sur place.
Au lendemain de la réunion au ministère de l’Industrie à Bercy, Christophe Ferrari (divers gauche), maire de Pont-de-Claix et président de Grenoble-Alpes Métropole, a organisé une conférence de presse jeudi 23 janvier. Il a déploré un manque d’engagement de l’Etat pour maintenir la filière industrielle chimique en France.
Après le placement en redressement judiciaire de Vencorex, la plateforme chimique Arkema de Jarrie se trouve également en difficulté, faute d'approvisionnement en sel. Le maire de Jarrie Christophe Guerrero, où se situe Arkema, et Guy Jullien, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole, étaient également présents lors de cette conférence de presse.
Outrés, choqués et atterrés
À plusieurs reprises, Christophe Ferrari s’est dit "atterré" et "choqué" par la position du gouvernement au sujet du devenir de Vencorex et de la plateforme chimique de Jarrie.
"Nous sommes ressortis de ces 3h30 de réunion atterrés et choqués. Nous n'avons eu aucune réponse. Nous ne savons même pas si le ministre a réellement demandé à ses services d’expertiser le scénario de la nationalisation", regrette l'édile. Cette solution temporaire a été mise en avant par les élus isérois pour sauver la plateforme de Pont-de-Claix.
Avant d’ajouter : "Ils sont incapables de prendre leurs responsabilités politiques. Le sujet est là, ce que l’on demande à l’Etat et aux ministres, c’est d’être responsable là, maintenant. C’est de dire : on maintient, quelle que soit la façon de faire."
Les deux élus étaient accompagnés de représentants syndicaux de la filière industrielle chimique et de plusieurs parlementaires isérois : le sénateur Guillaume Gontard (Les Ecologiste), les députées Cyrielle Chatelain (Les Ecologiste), Marie-Noëlle Battistel (PS) et Camille Galliard-Minier (Ensemble pour la République).
Tous ont déploré le manque d’engagement de l’Etat pour maintenir une "activité industrielle en France". "Je suis un Grenoblois, je défends les intérêts de la métropole, je me bats pour ça, j’essaye de trouver des compromis, des coalitions pour défendre ça. C’est ça l’action politique. Un gouvernement, c’est pareil, c’est de défendre les intérêts de la France et de défendre les intérêts souverains de la France. Je le dis simplement, aujourd’hui, la décision relève d’une position du national", soutient Christophe Ferrari.
Un enjeu de territoire
Les élus ne baissent pas les bras et appellent les ministres à venir sur place pour constater la situation et faire face aux salariés dont les emplois sont menacés.
"Ce que j’attends, c’est la venue ici du Premier ministre ou du ministre de l'Économie et des Finances, c’est ici que l’on doit discuter de ça. Aujourd’hui, il nous manque l’écoute de l’Etat", déplore Christophe Guerrero, le maire de Jarrie.
Je veux qu’ils voient la tête des industriels, qu’ils voient les entreprises qui sont concernées par ce que serait une fermeture. Je veux qu’ils voient la tête des sous-traitants, de ces patrons de PME. Ce n’est pas un caprice de président de la métropole et de ces quelques parlementaires. C’est un enjeu de territoire.
Christophe Ferrariprésident de Grenoble-Alpes Métropole
Car l’arrêt de Vencorex entraînerait des conséquences sur d’autres usines. Elle est l'une entreprise clé de la chimie en Isère et fournit en matières premières ses voisines Arkema et Framatome. Une rupture d'approvisionnement provoquerait une réaction en chaîne qui menace jusqu'à 5 000 emplois dans la région, selon les syndicats.
Ce mardi, l’entreprise Arkema a d’ores et déjà annoncé la suppression de 154 des 344 postes de son usine de Jarrie, conséquence d’un recentrage du site provoqué par les difficultés de son fournisseur de sel, Vencorex.
"A Grenoble, nous sommes à la pointe sur beaucoup de sujets, nous sommes à la pointe sur des sujets industriels et aujourd’hui, on se bat pour cette industrie. On se bat pour notre chimie et on veut que cette chimie demeure, aujourd’hui, sur le territoire", a conclu le président de la métropole. Le tribunal de commerce de Lyon doit rendre son jugement quant au devenir de Vencorex le 6 mars prochain, dans 40 jours.