Après plus de deux mois de grève, les salariés de Vencorex, usine chimique de Pont-de-Claix (Isère) placée en redressement judiciaire, ont signé un protocole de fin de conflit avec leur direction, ce mardi 24 décembre. Toujours menacés par des licenciements, les employés font part d'une victoire difficile à accepter.
Le piquet de grève installé devant le portique de Vencorex disparaîtra à la rentrée. Après 63 jours de mobilisation, les trois syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC) de l'usine chimique, située à Pont-de-Claix (Isère), ont signé un protocole de fin de conflit avec la direction.
Les salariés reprendront le travail en janvier, la plateforme sera débloquée et la vanne du pipeline d'éthylène Transalp, bloquée pendant près de deux mois, sera rouverte. En échange, les employés, toujours menacés par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), ont obtenu de nombreuses garanties de la part de leur direction, dont une indemnité de 40 000 euros par personne et le maintien des salaires pendant 12 mois.
Pour Philippe Gaude, technicien de fabrication et délégué syndical CGT, c'est une maigre consolation : "Il y a ce goût amer de se dire que l'on va perdre notre emploi, malgré les signatures d'indemnités. Mais ce sont des choses dérisoires. Car, pour la plupart, nous sommes encore jeunes. Il va falloir retourner sur le marché et se battre pour retrouver un travail qui correspond à notre train de vie. Aujourd'hui, on avait un certain salaire, ce n'est pas dit qu'on pourra retrouver le même."
On reste quand même mobilisés, on se battra jusqu'au bout.
Philippe Gaude, délégué syndical CGT.
"C'est compliqué de dire que c'est une victoire, on perd nos emplois. Mais on s'était préparé à ce que ce soit cette issue. Il fallait organiser la sortie des salariés", poursuit-il.
Mi-décembre, plusieurs dizaines d'élus avaient appelé le Premier ministre François Bayrou à procéder à une "nationalisation temporaire" de Vencorex afin d'éviter son "démantèlement" et la perte pour le pays d'un "espace industriel" essentiel. Une lueur d'espoir pour les salariés : "De ce côté-là, le combat n'est pas terminé. On sait que l'on est soutenu par les politiques locaux. Sophie Binet (secrétaire générale de la CGT, ndlr) a encore eu un entretien avec Marc Ferracci (ministre chargé de l'Industrie, ndlr) au sujet de cette nationalisation. Mais nous n'avons plus nos leviers de pression auprès du ministère : le piquet de grève, la fermeture de la vanne d'éthylène... Mais on reste quand même mobilisés, on se battra jusqu'au bout."
Vers la mise en sécurité du site
Après plus de deux mois de grève, la fin d'un long combat s'achève pour Maxime, technicien dans un des ateliers : "On aurait peut-être pu tenir davantage, mais ça commençait à être compliqué. Nous sommes tous fatigués." Les semaines sur le piquet et l'arrivée de l'hiver ont eu leur effet sur le jeune homme : "Je suis rarement malade. Mais en deux mois, je suis tombé deux fois malade à cause du froid et de la fatigue."
La fin du conflit est donc la bienvenue pour le technicien qui se souviendra de cette mobilisation exceptionnelle pour le territoire du sud de Grenoble : "Je retiens beaucoup de rencontres. C'est un site étendu, on ne cotoyait pas certaines personnes. Puis, un noyau s'est formé et s'est retrouvé sur ce piquet. On discutait de ce qu'il se passait dans nos ateliers, dans l'usine. On a recréé du lien."
Désormais, lui et ses collègues reprendront le chemin des ateliers dès janvier : "On commencera la mise à l'arrêt des installations et la mise en sécurité à partir du 2 janvier", explique Philippe Gaude. L'entreprise Vencorex, placée en redressement judiciaire en septembre dernier, fait l'objet d'une seule offre de reprise, émise par son concurrent chinois Wanhua via sa filiale hongroise BorsodChem. Dans une proposition "améliorée", cette offre vise à reprendre "plus de 50 emplois" sur les 460 que compte actuellement le site.