Acteur majeur de la chimie près de Grenoble, Vencorex placé en redressement : "Une question de souveraineté nationale", alertent les syndicats

Basée près de Grenoble, l'entreprise Vencorex a été placée en redressement judiciaire et cherche de nouveaux investisseurs. Les syndicats de cet acteur majeur de la chimie craignent des répercussions sur le secteur qui compte plusieurs milliers d'emplois localement.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'entreprise Vencorex, fragilisée par la concurrence chinoise et placée en redressement judiciaire, a indiqué jeudi 12 septembre chercher de nouveaux investisseurs. Les syndicats craignent un effet domino sur le secteur de la chimie autour de Grenoble.

Détenue par un groupe pétrochimique thaïlandais, Vencorex fabrique sur la plateforme de Pont-de-Claix (Isère) des isocyanates de spécialités, des substances notamment utilisées dans les peintures et vernis industriels.

Depuis fin 2022, ce marché "s'est profondément transformé pour devenir hyper concurrentiel et largement surcapacitaire, en raison notamment du développement de nombreuses usines en Chine", explique sa direction dans un communiqué publié jeudi.

"Confrontée à une forte baisse de ses ventes" et à la dégradation de sa situation financière, "Vencorex France a demandé le placement en redressement judiciaire", qu'elle a obtenu mardi. Cette procédure "ouvre la possibilité de trouver un ou des repreneurs", ajoute sa direction. L'objectif de l'entreprise est aussi "de rechercher de nouveaux investisseurs", précise-t-elle.

Tout un secteur en danger

Malgré ces assurances, les représentants syndicaux du secteur de la chimie grenobloise ont exprimé jeudi leurs inquiétudes pour l'emploi local, en raison des liens forts entre Vencorex et plusieurs autres groupes. "L'enjeu est au-delà de Vencorex", a déclaré Denis Carré, représentant CGT de l'entreprise, lors d'une conférence de presse avec des représentants d'autres groupes chimiques.

"C'est une question de souveraineté nationale liée aux domaines militaires et nucléaires, notamment chez Framatome [multinationale française qui produit du zirconium et se fournit auprès d'Arkema, NDLR]. On ne peut pas se permettre de laisser cela partir à l'étranger", a estimé Adrien Poirieux, référent Isère CGT de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC).

Arkema, qui emploie 340 salariés sur la plateforme voisine de Jarrie, dépend ainsi de sels produits par Vencorex pour fabriquer du chlore, de la soude et de l'eau oxygénée. De son côté, Vencorex se fournit auprès de ses voisins, Air Liquide et Solvay, en monoxyde de carbone et en air industriel.

Réunion à Bercy

"C'est non pas le seul avenir des 500 salariés de Vencorex qui se joue aujourd'hui, mais bien l'avenir des 1 000 salariés des deux plateformes et 5 000 emplois induits du bassin grenoblois", en a conclut Adrien Poirieux.

Trois parlementaires et deux élus locaux ont adressé une lettre au Premier ministre Michel Barnier le 11 septembre, appelant à "une réponse rapide de l'État" pour trouver des solutions de reprise. "Cet exemple démontre à nouveau la nécessité d’une politique vigoureuse de lutte contre le dumping étranger qui menace de nombreuses industries françaises et européennes (alumine, silicium, nickel…). Nous souhaitons donc que cette question figure parmi les priorités de votre gouvernement", écrivent ces élus.

Les syndicats ont indiqué qu'une délégation serait reçue lundi 16 septembre au ministère de l'Economie, et ont appelé à manifester devant le site de Pont-de-Claix le 1er octobre. "On est très inquiets. Pour l'instant, on croit encore qu'un repreneur peut se manifester, on espère très rapidement", souffle David Mininno, technicien fabrication chez Vencorex.

Quant aux industriels voisins, ils suivent également la situation de près. "Nous restons très attentifs à l'évolution de la situation de Vencorex", indique une porte-parole d'Arkema à l'AFP. "L'objectif d'Arkema est d'assurer la continuité des approvisionnements du sel à Jarrie", ajoute-t-elle sans vouloir commenter les rumeurs qui prêtent au groupe l'intention de reprendre partiellement les activités de son voisin.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information