L’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a été nommé conseiller RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) pour le géant chinois de la fast fashion, Shein. Cette annonce, révélée par un communiqué de l’entreprise, suscite une vague d’indignation parmi les professionnels français de la mode.
Shein, connu pour ses pratiques d’ultra-fast fashion, a intégré Christophe Castaner au sein de son "comité régional Europe, Afrique, Moyen-Orient", en tant que conseiller RSE. Dans son communiqué, la marque justifie ce choix en mettant en avant "la grande expérience" de l’ancien ministre dans "l'administration publique, la gouvernance et la planification stratégique et sa connaissance du territoire", notamment en tant que président du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos, plus grand port français. Cependant, cette nomination a provoqué une levée de boucliers, d’autant que Christophe Castaner cumule plusieurs fonctions institutionnelles, comme la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et de l’Autoroute et Tunnel du Mont Blanc (ATMB).
Des vives accusations par les acteurs locaux
Les critiques se concentrent sur ce que beaucoup d'acteurs locaux perçoivent comme une contradiction : un ancien ministre français travaillant dans le secteur social et environnemental pour l’un des plus gros pollueurs mondiaux de la fast-fashion. Jocelyn Meire, président de la marque marseillaise Mode in Sud, s’insurge : “ce recrutement par le géant de l’ultra-fast-fashion démontre une fois de plus les moyens colossaux dont Shein dispose et des méthodes qu’il emploie. La relocalisation de la mode en France, qui participe à la réindustrialisation de notre pays pour préserver notre environnement et nos emplois, ne se fera pas sans des prises de décisions claires et fermes. Celles et ceux qui trahissent cette cause devraient être démis de leurs fonctions publiques”.
Les griefs contre l'entreprise Shein sont nombreux. À commencer par les conditions de travail. Jocelyn Meire le souligne, “une enquête de l’ONG Public Eye révèle que les ouvriers chinois de Shein travaillent souvent 12 heures par jour, avec un seul jour de repos par mois, sans contrat ni assurance”. Et ce n’est pas tout. Mode in Sud reproche également une concurrence déloyale à l’égard des marques françaises, un fort impact carbone du fait de l’éloignement de la production textile, la mauvaise qualité des vêtements qualifiés de “jetables” ou encore “une production volumineuse". En bref, pour Mode in Sud, Shein incarne "les logiques les plus délétères de la fast fashion".
Selon Le Figaro, la fédération française du prêt-à-porter féminin a également dénoncé cette nomination. Dans un communiqué, celle-ci exprime une "profonde indignation" et appelle même à une "mobilisation massive des acteurs du secteur, des citoyens et des parlementaires français et européens pour contrer cette tentative de sabotage de la loi anti ultra-fast fashion".