Le pop-up de la marque Shein a attiré, ce mardi 29 octobre, de nombreux visiteurs à Marseille, marquant la popularité de ses produits à bas prix, tout en ravivant les critiques sur les conditions de production. Cet événement, organisé au cœur de la ville, suscite diverses réactions, entre enthousiasme des consommateurs et préoccupations éthiques.
“Il est 10h, vous pouvez entrer !”, impulse l’une des gérantes du pop-up. Une file de clients patientait avant l’ouverture, réservation en main, prêts à découvrir la nouvelle boutique éphémère, près du Centre Bourse à Marseille. Une fois à l’intérieur, rien n’est laissé au hasard. L’ambiance est gérée par plusieurs animateurs : “Bienvenue au 4ᵉ pop-up à Marseille, ne ratez pas l’occasion de gagner des cadeaux !”
C’est tout cela qu’est venue découvrir Kenza, étudiante en soins infirmiers, pour qui c'était une première : "J’ai découvert cet événement via TikTok. Je ne consomme pas beaucoup Shein, mais j’étais intriguée par cette expérience." Pourtant, les polémiques n’échappent pas à son amie : "On est au courant pour le travail des Ouïghours, mais on n’a pas les moyens d’acheter chez les grandes enseignes."
Alberte, retraitée, quant à elle, évoque le prix comme principal argument : "Je suis venue par curiosité, je n’avais jamais acheté en ligne. J’ai fait le plein sans m’imposer de budget, car c’est vraiment abordable. Bien sûr, acheter français serait idéal, mais ici, on peut avoir plus d’articles pour le même budget". Une idée soulignée par Stella et Marjorie, deux jeunes amies qui consomment régulièrement la marque en ligne. "Il y a de tout sur Shein, un large choix, et c’est largement moins cher. Les polémiques nous freinent un peu, mais pas au point d’arrêter… C’est surtout le rapport qualité prix qui nous attire."
Des consommatrices régulières et de premières expériences mitigées
Certaines clientes sont des habituées des pop-up Shein, comme Sabrina et Yasmine : "Ce n’est pas la première fois, mais cette fois, l’organisation est meilleure et le choix est plus large. Les prix sont bas et c'est de la bonne qualité."
Margaux, une trentenaire venue par curiosité, a une opinion plus mitigée : "Je suis venue pour voir mais surtout toucher les produits, et honnêtement, ça me conforte dans l’idée que je n’ai pas besoin de consommer." Charaf, étudiante venue avec ses petites sœurs exprime également une petite déception : "Je m’attendais à plus de choix. La marque est connue pour ses prix bas, mais ici, c’est un peu plus cher que sur le site."
@france3paca Le pop-up de la marque SHEIN a attiré, ce mardi 29 octobre, de nombreux visiteurs à Marseille, marquant la popularité de ses produits à bas prix, tout en ravivant les critiques sur les conditions de production. Cet événement, organisé au cœur de la ville, suscite des réactions diverses, entre enthousiasme des consommateurs et préoccupations éthiques. #shein #popup #marseille ♬ son original - France3Paca
Une conscience éthique peu étendue ?
Les polémiques autour de Shein touchent certaines consommatrices. Ilona, par exemple, admet consommer de moins en moins : "Ce n’est pas cher certes, mais tout ce qu’il y a derrière, bof bof." Sa sœur Montaine relativise : "Ça craint, mais c’est pareil dans beaucoup d’enseignes comme Zara ou Adidas, c’est juste qu’on n’en parle pas." Lucie, elle, souligne la difficulté de trouver des alternatives accessibles : "Le problème, c’est que cela touche énormément d'autres marques accessibles. Acheter en friperie, c’est plus compliqué, surtout à Marseille où il n’y en a pas beaucoup. On y trouve toujours le même style". Séverine, retraitée, est consciente des polémiques, mais reconnaît sa faiblesse face aux petits prix : “Face aux polémiques j’avoue que je fais l’autruche.
J’ai des amies qui ont refusé de venir parce qu’elles ne veulent pas contribuer au travail des mineurs.
Séverine, retraitéeFrance 3 Provence Alpes
. Elle poursuit, “Ici, on arrive toujours à y trouver son comble, cela est évident, après il y a un large choix et les prix sont tout petits, ce sont les raisons pour lesquelles je suis consommatrice de la marque”.
Shein face aux critiques : des points de vue divergents
Jocelyn Mère, président de Mode in Sud, le syndicat des entreprises de mode PACA, s’inquiète de l’impact de la marque sur le marché local : “En tant que professionnel de la mode, on regrette que Shein s’installe à Marseille”. Il critique la pratique d’une “concurrence déloyale” et ne respecte aucune règle, notamment sur les conditions de travail et l’impact environnemental. “Les conditions de travail, on le sait. On entend parler des Ouïghours, mais pas que. Ils travaillent des matières premières qui ne sont pas nobles et ce sont des matières premières issues pour l’essentiel du pétrole, matière fossile. Il faut arrêter d’urgence. Ils produisent des énergies jetables. Et de surcroît, il en produit des milliards.” De fait, les produits sont “non récupérables” : "ils finissent brûlés ou dans les plages africaines".
De son côté, Marion Bochut, Directrice de la communication SheinFrance veut balayer les critiques qui ciblent la marque : “Nous ne sommes pas de la fast-fashion, mais de la smart fashion. On fait ce qu’on appelle de la production à la demande. On va mettre en avant des petits lots : 100 à 200 pièces, puis on regarde quel va être le succès des produits. Selon ces statistiques, on varie la production : on augmente, on la diminue ou on la supprime.”
La revendication du président de Mode in Sud est claire : “Nous aimerions que les autorités trouvent le moyen juridique d’interdire ce pop-up”. À cela, Marion Bochut réplique : "Nous travaillons avec l’ensemble des parties prenantes à Marseille et restons ouverts au dialogue.”