Une marseillaise s'est lancé le défi de parcourir 1000 km à vélo, pour aller à la rencontre des artisans du textile éco-responsable. Une aventure pour sensibiliser la nécessité de changer les modes de production, dans une industrie responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
À 26 ans, Vorlette Kakhri sait où elle va. Direction Forcalquier jeudi 16 mai, pour le début d'une éco-aventure. Objectif, sensibiliser aux solutions pour s'habiller propre et responsable. Un parcours d'environ 1000 km à vélo, à la rencontre des artisans de la filière textile française, au cœur des territoires de Provence et d'Ariège.
"Je voulais montrer que ce qui est produit de façon conventionnelle est impactant pour la planète. Alors que dans les territoires il existe une écologie dans la mode et le textile", explique Vorlette.
Sur sa route, des artisans teinturiers, qui ont fait de la couleur naturelle leur combat. C'est le cas d'Aurore Pelisson près de Forcalquier, ou encore du Champ des couleurs, une ferme de plantes tinctoriales à La Roque-d'Anthéron.
L'industrie textile émet 4 millions de tonnes de CO2 par an
Sur son parcours qui la mènera jusqu'en Ariège, Vorlette documentera les savoir-faire de ces artisans, dont les pratiques ont peu à peu été oubliées au cours des dernières décennies. L'objectif, tisser des liens.
À l’inverse, la fast fashion, cette tendance au vêtement jetable et bon marché contamine les consommateurs.
Résultat, l'industrie textile produit toujours plus : jusqu'à 100 milliards de vêtements neufs sont vendus chaque année dans le monde.
Il faut réduire les volumes de production, et produire mieux, avec des matières plus nobles, et durables dans le temps.
Vorlette Farkhi, éco-aventurièreà France 3 Provence-Alpes
Les données fournies par l'ADEME donnent le tournis. Saviez-vous que pour produire un jean, il faut environ 3.000 litres d'eau, soit l'équivalent de 285 douches ?
Ces tissus sont souvent produits avec des matières synthétiques, que l'on retrouve dans les océans. Chaque année, 240 000 tonnes de microparticules de plastiques, résiduelles du textile sont retrouvées en mer.
L'industrie textile dans le monde est pointée du doigt pour des pratiques socialement condamnables (travail forcé des Ouïghours ou des enfants, par exemple), mais aussi pour son impact sur le réchauffement climatique supérieur à celui des vols internationaux et du trafic maritime réunis. Soit 4 millions de CO2 libérés chaque année.
Sensibiliser les consommateurs
"Il faudrait déjà rapatrier les productions en Europe, où les lois sociales et écologiques sont plus fortes qu'en Inde ou en Chine", explique Vorlette Farkhi, qui a espoir en un retour à la raison : "Ces nouvelles habitudes de consommations sont récentes".
Il y a encore une mémoire d'un monde où la production locale permettait de faire vivre ces zones que l'on appelle diagonale du vide aujourd'hui.
Vorlette Farkhi, éco-aventurièreà France 3 Provence-Alpes
Des savoir-faire de teinturiers, de tisserands, dans les territoires subsistent, et Vorlette entend leur faire honneur : "Il y a pas mal de monde qui agit dans ce sens, ça donne de l'espoir".
Changer de modèle, c'est nécessairement changer ses habitudes de consommation. Pour Vorlette, il faut que le consommateur s'éduque sur la qualité des vêtements : "Réparer, retailler, acheter seconde main, cela permet de réduire le volume de vente de vêtements neufs, et donc de réduire la production".
Pour l'éco-aventurière, la sensibilisation passe par "l'enchantement" ; "savoir comment sont faites les fibres, quels sont les gestes, connaître ce patrimoine historique qui a changé nos territoires, c'est créer de l'enchantement et de l'amour du bon textile", s'émerveille Vorlette.
Et "cela passe par le refus d'un vêtement en plastique, produit par des esclaves" conclut-elle.
L'éco-aventurière prépare en parallèle un deuxième voyage en octobre. Cette fois elle traversera les Alpes du Nord au Sud, pour échanger sur l'impact du vêtement sportif et technique.