Fast fashion : s'habiller local et responsable, c'est possible ? Cinq marques fabriquées en Provence

Lutter contre la fast fashion est devenu l'un des objectifs du gouvernement. À partir du 1ᵉʳ janvier 2025, les publicités sur des marques de fast fashion seront interdites. Plusieurs marques provençales relèvent le défi de produire local et responsable.

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Aussi appelée mode "jetable" ou "éphémère", la fast fashion équivaut à l'émission de quatre milliards de tonnes de CO2 dans le monde entre la fabrication, le transport et la production de matières premières, selon l'Ademe, l'Agence de la transition écologique. Et d'après la Commission européenne, les Européens jettent en moyenne 11 kg de matières textiles par an. On vous l'accorde : les chiffres sont vertigineux. Mais il est possible de changer son mode de consommation et d'acheter plus local et responsable. 

France 3 Provence-Alpes a déniché pour vous cinq marques 100 % provençales. Sacs réalisés avec des cordes d'escalade, bijoux recyclés ou encore gilets unis plus classiques, il y en a pour tous les goûts.

Marj prône l'inclusivité et la transparence

Marj est une marque, créée par Charlotte Labigne, qui se veut "responsable". Pendant douze ans, elle a travaillé comme acheteuse dans le textile. "J'ai vu beaucoup de choses et pas que des bonnes choses." Alors, elle a voulu faire tout l'opposé. Début 2022, elle monte son enseigne avec l'objectif de "produire local". 

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L'artisane accuse certaines marques françaises de prôner le "Made in France" et de ne rien fabriquer en France. Charlotte Labigne souhaite avec Marj que le processus de fabrication soit détaillé pour les consommatrices et consommateurs. Elle veut aussi être capable de visiter facilement les ateliers, ce qui n'était pas le cas dans son ancien travail.

Je veux voir comment ça fonctionne. Le problème des grandes marques, c'est que, eux, n'y mettent jamais les pieds.

Charlotte Labigne, co-fondatrice Marj

France 3 Provence-Alpes

Charlotte Labigne récupère ses tissus à partir e de fins de rouleaux de tissus de marques de maisons de luxe. Mais pas seulement. Ce qu'aime surtout la créatrice, c'est de jouer avec les matières. "J'utilise les cordes trouvées dans des salles d'escalade ou les toiles de tentes de Décathlon", explique-t-elle avec le sourire. Charlotte Labigne voulait essentiellement améliorer l'inclusivité avec sa marque Marj. "On propose du XS au 3XL et n'importe quelle taille sur demande, sans frais supplémentaires", insiste-t-elle.

Sudist met à l'honneur la pétanque et les cigales

Sudist a été créé il y a trois ans par Emmanuel Jouve et Paul Farnet. La marque de vêtements fabrique sweatshirts, shorts et polos dans son atelier à Saint-Cannat, petit village situé à une cinquantaine de kilomètres d'Aix-en-Provence. Dix couturières confectionnent les modèles et brodent les petits insignes de la région. On retrouve alors des cigales colorées, un verre de pastis (du 51 pour perpétuer la tradition !) ou encore des boules de pétanque.

Le Made in France a été établi. Nous, on voulait une marque locale pour le vrai sens du mot local.

Emmanuel Jouve, co-fondateur de Sudist

France 3 Provence-Alpes

Tout part d'un cadeau de mariage. Emmanuel Jouve travaillait dans des maisons de luxe parisiennes. Et pour les fiançailles d'un couple d'amis, il floque des T-shirts avec un plagiste et écrit : "Un Toulonnais à la plage".  "Ça marche super bien, même dans la rue, on me complimente." Il décide alors de créer sa marque.

Exclusivement en ligne au départ, lui et son associé ouvrent progressivement un corner aux Printemps de Toulon, aux Terrasses du port à Marseille pendant les fêtes de Noël et bientôt dans le nouveau terminal Aéroport Marseille Provence. En un an, les ventes ont été multipliées par dix. "Ce n'est que le début", lâche-t-il enjoué. Des T-shirts avec les emblèmes de Toulon, comme le rugby, la mer ou encore les palmiers sont déjà en vente. D'autres éditions capsules dédiées à Aix-en-Provence, Marseille, Nice ou encore Toulon seront disponibles dès cet été.

Capobianco donne une seconde vie aux bijoux 

Bijouterie d'upcycling 100 % marseillaise, Capobianco a été créée à la sortie du confinement par Juliette Moutte. Travaillant dans le milieu depuis ses 19 ans, elle ne s'y épanouissait plus. Alors pendant la crise du Covid-19, elle recycle de vieux bijoux. "J'ai fouillé dans tous mes tiroirs et j'ai créé à partir de bijoux existants."

Rapidement, elle lance le projet et puis choisi un nom qui lui tient à cœur, "Capobianco", le nom de famille de son arrière-grand-mère. "En même temps que je cherchais dans les tiroirs, je suis tombée sur le livret de famille où il y avait écrit son nom de jeune fille. J'ai voulu lui redonner une seconde vie, comme mes bijoux", explique Juliette Moutte. 

Ses créations uniquement réalisées à partir de métaux précieux, de l'or et de l'argent, sont des pièces uniques ou limitées ou du sur-mesure à partir de bijoux de famille. Elle prône surtout le 100 % upcycling. La fondatrice de Capobianco n'achète que de la seconde main ou récupère d'anciens bracelets et colliers de ses clients.

Juliette Moutte est fière de ses origines marseillaises et aime chiner dans cette ville pour trouver la perle rare.

Ce sont des bijoux que des Marseillais ont réellement portés, ils ont tous une forte identité méditerranéenne.

Juliette Moutte, fondatrice de Capobianco

France 3 Provence-Alpes

"A Marseille, on retrouve des bijoux de toutes cultures, de toutes religions", détaille-t-elle.

Fil rouge favorise la relocalisation en Provence

Depuis 2014, l'entreprise de textile Fil rouge est l'un des acteurs industriels de la région. De ses locaux situés dans le 10ᵉ arrondissement de Marseille, T-shirts, pulls à capuches et shorts sont fabriqués. L'usine, créée par Jean-François Aufort, confectionne des vêtements pour différentes marques françaises, tels que Puma, Décathlon ou encore Armor Lux. En 2021, un magasin Fil rouge ouvre aux Terrasses du Port, centre commercial dans le 2ᵉ arrondissement de Marseille. 

Si l'usine est ancrée à Marseille, c'est avant tout pour "relocaliser et réindustrialiser dans le territoire." "On voulait booster l'emploi au niveau local, affirme l'entreprise. Il y a de plus en plus de demandes de fabriquer localement et de ne plus faire trois fois le tour de la planète depuis le Covid.

Fil rouge attache également une importance à l'insertion, en employant une partie de ses salariés en contrat d'insertion. Au total, 250 personnes travaillent sur les deux structures marseillaises de l'usine.

Le "Made in Provence" est devenu l'une des priorités de Fil rouge.

"On a fait le pari de faire du Made in Provence... et c'est réussi", nous communique l'entreprise. Elle espère atteindre en 2026 "un million de pièces dans l'usine". 

Salé collections récupère des vêtements chinés

Lorsque Lucie Grezaud créé sa marque de vêtements upcycling à Marseille il y a deux ans, l'idée était "d'avoir une autre voix que Paris pour parler de mode et de faire de Marseille la capitale de la mode responsable". Salé Collections, c'est de la récupération de vêtements chinés pendant de longues heures et cousus dans son atelier sur La Canebière.

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Elle propose surtout des ensembles faits à partir de grandes chemises et de vêtements issus de chutes cravates.

J'ai envie de réussir à développer la mode responsable et de mettre en avant un autre modèle de consommation.

Lucie Grezaud, fondatrice de Salé Collections

France 3 Provence-Alpes

Ses créations sont vendues sur sa plateforme numérique et dans certaines friperies, comme Seconde Vie, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Marseille, et La Fabrique aixoise, à Aix-en-Provence. En parallèle, Lucie Grezaud propose des ateliers d'upcycling pour les particuliers et professionnels et un "circuit vintage", en partenariat avec la Ville. 

Et puis, si vous n'êtes toujours pas convaincus par le fait d'acheter local et plus responsable, on vous laisse sur les mots de la célèbre créatrice anglaise, Vivienne Westwood : "Achetez moins. Choisissez bien. Faites durer."

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