Non, votre sous-pull orange de 1984 n'est pas démodé. Il peut au contraire avoir un grand succès dans une friperie. Avec la hausse des prix, s'habiller en seconde main peut revenir moins cher et suivre le courant écologique. À Nice, cette fin de semaine, une friperie itinérante s'installe pour séduire une clientèle toujours plus nombreuse.
Qui dit vintage, dit friperie ! Une boutique itinérante, alias "Grama Vintage" s'est installée cette fin de semaine au Dojo à Nice. Son concept ? Vendre des vêtements de seconde main au kilo !
Ici, pas de problèmes d'étiquette ou de prix exorbitant puisque tout le stock, du streetwear, du basique, quelques grandes marques, des années 70 aux années 2000, est vendu au poids (32€/kg).
Pour les créateurs du concept, c'est "la promesse de démocratiser l’accès aux vêtements de seconde main à toutes les classes sociales est tenue."
Pour les clients de tous âges et tout milieu social, c'est d'abord un plaisir. Chacun à ses raisons de craquer ici pour une robe à grosses fleurs colorées ou un pantalon en velours côtelé marron voie kaki.
"J'y trouve de quoi faire mes costumes", précise Jean-Baptiste Giorni un comédien et scénographe en plein essayage d'un kimono. "Cela nous permet de baisser le budget de notre création !"
Charlotte, elle adore transformer ses vêtements, elle trouve son bonheur dans les rayons et part en caisse les bras chargés de jeans, vertes, pull, etc. Les petits hauts justement, c'est l'affaire de Marion.
Moi, je prends en général des hauts et des vestes, car dans certaines friperies il n'y pas de cabine alors, je peux effiler le modèle
Marion, fan de friperie.
À Nice, une quinzaine de boutiques proposent à la vente, des vêtements au style du passé revenu à la mode. Tendance et petit prix, ne sont pas les seules raisons de cet engouement.
Les clients apprécient aussi la qualité des matériaux. Ces matières n'existent plus maintenant quand on achète en "fast fashion" Et puis aussi au niveau des patrons. Les pantalons des années 70 sont beaucoup plus stylés que ce d'aujourd'hui. Ils ont la forme du corps...
Elise Delaire, vendeuse en friperie à Nice.
20 kilos de vêtements... par an !
Nous achetons en moyenne 20 kilos de vêtements... par an ! Mais avouons-le, nous portons presque toujours les mêmes... Et souvent, ces achats se font dans ces boutiques qui fleurissent dans toutes les rues.
Les enseignes dites de "fast fashion" (mode rapide) comme Zara, H&M ou Primark envahissent en effet les centres-villes, mais ne répondent pas forcément aux envies des consommateurs soucieux de l'environnement notamment.
Le secteur de la mode émet 1,2 milliard de tonnes de CO2, ce qui représente 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, selon certaines estimations. WWF pousse même jusqu'à 1,7 milliard de tonnes. Dans son rapport de 2022, l'ONG précise que la demande de vêtements devrait continuer de croître, pour passer de 62 millions de tonnes en 2015 à 102 millions de tonnes en 2030.
Ces chiffres et les estimations prédisent donc un bel avenir au vêtement d'occasion. Son marché mondial devrait croître de 15 à 20% par an dans les cinq prochaines années, selon le cabinet Boston Consulting Group (BCG).
Sur les applis TikTok ou Instagram, des influenceurs vont aussi à contre-courant de la surconsommation, et tentent de lancer un message responsable afin de promouvoir des choix vestimentaires plus soucieux de l'environnement.
Car au-delà ses boutiques, c'est bien sûr aussi sur la toile que le tissu tisse des liens entre particuliers et favorise les achats en seconde main.
Le marché français du vêtement et des accessoires d’occasion pèse 1 milliard d’euros, selon les estimations de l’Institut Français de la Mode. C’est un marché en croissance de 10 % par an.