Une cinquantaine d'éleveurs laitiers a bloqué, ce mercredi 31 janvier, l'Étoile du Vercors, une fromagerie en Isère, propriété du groupe Lactalis, où est fabriqué notamment le Saint-Marcellin. Ils dénoncent une politique du prix non-rémunératrice pratiquée par la multinationale Lactalis.
En pleine gronde des agriculteurs, les éleveurs laitiers, touchés de plein fouet par la baisse du prix du lait, ne décolèrent pas. Pour eux, la mauvaise nouvelle est tombée en tout début d’année : le groupe Lactalis a prévu d'acheter le lait moins cher en 2024, 405 euros pour 1 000 litres, soit une perte de 45 euros pour 1 000 litres en l’espace d’un an : "Si on tient un prix aussi bas sur toute l’année, beaucoup d’exploitations vont faire faillite", déplore Sébastien Ageron, le président des producteurs de lait de la Drôme.
Un prix bien trop bas pour les producteurs qui ne comprennent pas cette baisse dans le contexte actuel. Alors pour manifester leur mécontentent, une cinquantaine d’agriculteurs a bloqué la fromagerie de l’Etoile du Vercors, propriété du groupe Lactalis, à Saint-Just-de-Claix (Isère) où est fabriqué notamment le fameux Saint-Marcellin local.
La filière Lait menacée ?
"D’une année sur l’autre, nos charges, elles, ont beaucoup augmenté avec l’inflation et ça continue, explique Sébastien Ageron. Aujourd’hui, l’heure est grave et ce prix, on ne pourra pas l’absorber pendant une durée trop longue. Là, on arrive au bout d’un système. Déjà les gens aujourd’hui n’ont plus envie de faire ce métier, si un gros groupe comme Lactalis ne réagit pas et que l’état ne fait pas son boulot, on va vraiment vers un risque de disparition du métier."
Car ce prix, peu attractif, empêche certains agriculteurs de trouver des repreneurs pour leur exploitation. Claire Rousset, jeune agricultrice, fait partie des manifestants, elle a repris l'exploitation familiale et elle craint pour l’avenir de celle-ci : "Pour l’instant, j’espère juste pouvoir me sortir un salaire. Et en ce qui concerne l’avenir, sur mon plan d’installation qui est sur cinq ans, on avait prévu un prix du lait qui déjà n’est pas tenu. Donc je ne sais même pas si je vais pouvoir rentabiliser mes investissements."
Au total, 72 exploitations fournissent le lait qui sert à la fabrication du Saint-Marcellin. Et parmi les éleveurs, plus de la moitié d’entre eux a dépassé les 50 ans.
Respecter la loi Egalim
Ces producteurs de lait déplorent également que Lactalis ne respecte pas la loi Egalim, qui sanctuarise le prix de la matière première agricole et leur impose un prix du lait : "Lactalis a défini un prix à payer au producteur et l’a déjà déclaré dans ses négociations commerciales aux grandes surfaces alors qu’il n’y a pas eu d’accord en amont avec l'Unell qui nous représente aujourd’hui, on dénonce ça et on demande à l’état d’agir sur la situation", conclut le président des producteurs de lait de la Drôme.
Le blocage de ces éleveurs a été levé en fin d'après-midi, mais faute d'accord avec le groupe Lactalis, les éleveurs ont prévu de reconduire leur action lundi prochain.