Au total, 4 films tournés en Auvergne-Rhône-Alpes sont projetés cette semaine dans le cadre du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, en Isère. Des montagnes enneigées aux plaines verdoyantes, la région regorge de décors naturels qui inspirent de nombreux réalisateurs. Sans oublier le savoir-faire des experts dans les studios d’animation.
C’est l’histoire d’un glacier et d’un groupe de jeunes en difficultés scolaires qui se découvrent une passion pour l’écologie. Dans Les têtes givrées, le réalisateur Stéphane Cazes raconte l’épopée de collégiens qui se lancent corps et âmes dans un projet fou : empêcher un glacier de fondre.
Pour tourner ce film, avec le Lyonnais Clovis Cornillac dans le rôle du professeur, l’équipe s’est naturellement installée dans la vallée du Mont-Blanc, en Haute-Savoie. Neiges éternelles, lumière dorée et paysages majestueux : le décor naturel parle de lui-même.
En Savoie, c’est la station de Courchevel qui a séduit les producteurs de 10 jours encore sans maman. Le film raconte l’histoire d’un père au foyer (Franck Dubosc), qui emmène ses quatre enfants en vacances à la montagne. "C’est difficile de tourner en montagne car il faut tourner hors saison, apporter le matériel. Mais quand on y est, ça raisonne comme des vacances ! En plus là on avait du soleil, c’est des conditions très agréables" raconte Franck Dubosc, que nous avons pu interviewer après la projection de son film.
C’est aussi dans la vallée de la Tarentaise, à Val Thorens, que Mickaël Youn a réalisé sa nouvelle comédie BDE.
Ces trois films, qui font la part belle aux stations régionales, sont projetés cette semaine au festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez.
"La sélection de l’Alpe d’Huez reflète l’attractivité de la région, notamment à travers la diversité des décors accessibles, explique Aurélie Malfroy-Camine, responsable de l’accueil des tournages pour Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma. Les Alpes, c’est une vraie source d’inspiration pour les auteurs et les scénaristes. Il y a des films comme Belle et Sébastien, qui est un exemple flagrant de ce qu’ils cherchent en montagne : des paysages préservés pour les films d’époque. Et il y a des films comme 10 jours encore sans maman et BDE, qui viennent pour le côté 'hype' et luxueux des stations qu’on reconnaît même à l’étranger."
Une diversité de paysages
Dans la région, 48% des tournages sont répartis entre la Savoie et la Haute-Savoie, tandis que 30% se trouvent dans le Rhône. "Les réalisateurs plébiscitent aussi ce territoire, car il offre un accès ultra rapide depuis Paris, des décors préservés de villages médiévaux ou encore des paysages naturels reconnaissables, poursuit Aurélie Malfroy-Camine. La première zone d’attractivité des tournages reste le bassin lyonnais car on va pouvoir accéder facilement à tout un tas de décors. Du contemporain avec le quartier Confluence, de l’historique avec le Vieux Lyon ou bien des vignobles du Beaujolais pour un univers romanesque".
Et l'Auvergne ? "L’Auvergne apporte aussi des caractéristiques uniques et recherchées. En Haute-Loire, on s’apprête à tourner Louise Violet, le prochain film d’Eric Besnard, qui a déjà tourné Délicieux dans le Cantal, sur des paysages très identifiés, au XVIIème siècle. Sans oublier le nouvel Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu. Toutes les scènes censées se passer en Chine territoriale ont été tournées dans la vallée du Puy-de-Dôme ! Preuve qu’on a une sacrée diversité de décors naturels" se félicite-t-elle.
Au sein d’Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, organisme privé chargé de déployer la politique audiovisuelle de la région, elle arbitre les financements publics alloués à tel ou tel projet. Chaque année, la région AURA investi 3 millions d’euros pour des films de cinéma.
"L’intérêt, c’est de pouvoir entrer dans ces industries culturelles et créatives qui représentent un marché économique d’emploi majeur. Accueillir des tournages, cela permet de pérenniser des emplois et des habitants. Par exemple grâce au film Les Choses Simples (réal. Eric Besnard, avec Lambert Wilson) tourné dans la vallée de la Maurienne, on a eu plus d’un million et demi d’euros de retombées économiques directes, pour les prestataires, les loueurs de matériels, et indirectes avec les nuitées d’hôtels et les restaurants. Pour Astérix et Obélix, pour seulement dix jours de tournage, c’est 2,3 millions d’euros de retombées économiques pour le territoire !".
Le soft power
Des emplois, des habitants… mais aussi des visiteurs. Car l’impact du cinéma sur le secteur touristique est énorme. "Il y a un vrai enjeu de visibilité à travers le soft power, poursuit Aurélie Malfroy-Camine. Plus de 60% des touristes qui se rendent dans une destination viennent parce qu’ils ont vu cette destination dans un film ou dans une série".
Par exemple, l’année suivant la sortie du film L’incroyable histoire du facteur cheval, porté par Jacques Gamblin, le palais drômois a enregistré 60% de fréquentation en hausse.
Outre les décors naturels très variés, réalisateurs et producteurs privilégient également la région pour son savoir-faire dans la filière de l’animation. Historiquement basée près de Valence avec la construction du studio Folimage en 1988, la filière régionale s’est peu à peu structurée. Des écoles spécialisées dans l’animation, comme la Poudrière à Bourg-lès-Valence, ou l’école des Gobelins, à Annecy, forment désormais des spécialistes directement sur le territoire. Chaque année, le festival du film d’animation organisé dans la capitale haut-savoyarde incarne cette technicité locale.
Tourner... et rester
Aujourd’hui, une nouvelle tendance se dégage au sein de la filière locale. Lorsqu’autrefois, les professionnels du cinéma venaient seulement passer quelques semaines dans la région le temps d’un tournage, ils décident aujourd’hui de s’y installer.
Selon un récent rapport du Centre National du Cinéma concernant l’emploi dans la filière audiovisuelle, la région AURA a gagné 22% d’effectifs entre 2020 et 2021. "Autrement dit, de nombreux professionnels venus de Paris ont été séduits par la qualité de vie, l’accessibilité et les talents du territoire" résume Aurélie Malfroy-Camine.
La filière de l'audiovisuel n'est donc pas prête de ralentir dans la région. En 2023, 21 longs-métrages sont référencés dans le catalogue de tournage d'Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma. Parmi eux Sur les chemins noir, avec Jean Dujardin ou encore Le Maire, un film tourné dans la vallée de l'abondance en Haute-Savoie, avec Clovis Cornillac.