Selon l'association DAL38, au moins treize jeunes majeurs étrangers, âgés entre 18 et 21 ans, vont être remis à la rue ce 31 août 2019 à Grenoble. Ces jeunes sont pour la plupart diplômés ou poursuivent leur formation. Certains ont même des promesses d'embauche.
Le DAL38 prend la défense de plusieurs jeunes majeurs étrangers, hébergés jusqu'ici en tant que Mineurs Non Accompagnés, au titre de l'Aide sociale à l'enfance, dans différents hébergements grenoblois gérés par le CATALPA. Un établissement qui dépend de l'association Sauvegarde Isère, elle-même financée par le Conseil départemental de l'Isère.
Au moins 13 de ces jeunes vont être remis à la rue ce 31 août. Ils pourraient même être jusqu'à 70 selon le collectif Migrants en Isère. Ces jeunes sont pourtant pour la plupart diplômés ou poursuivent leur formation. Certains ont même déjà une promesse d'embauche. Pour le DAL38, "cette fin de prise en charge vient anéantir leur parcours d'insertion". Pour le collectif Migrants en Isère : "on est en train de fabriquer une bombe en mettant ces jeunes volontairement dans la clandestinité !"
Une manifestation devant le Département
Ce 28 août 2019, le DAL, la CISEM, la CIMADE, l'APARDAP, RESF38, entre autres associations, mais aussi des élus de l'opposition départementale (Communistes, Socialistes, Rassemblement des citoyens solidarité écologie) ont manifesté leur colère aux portes du Conseil Départemental de l'Isère.
Devenus majeurs, les jeunes étrangers concernés doivent laisser la place aux plus jeunes dans les différents hébergements. Ces jeunes réfugiés, venus pour la plupart d'Afrique noire, n'ayant pas de titre de séjour, ne peuvent pas travailler légalement. Pour gagner leur vie et notamment se payer un logement digne de ce nom. Ils risquent donc de se retrouver à la rue.
Les associations dénoncent un système qu'elle juge absurde, où Département (pour le logement) et Etat (pour le titre de séjour) se renverraient la balle.
Pour Nadia Kirat, conseillère départementale Rassemblement des citoyens, "le Département n'a en effet pas le pouvoir de délivrer de titre de séjour. En revanche, il peut faire en sorte que toutes les conditions soient réunies pour que ces jeunes obtiennent un titre. Si ces jeunes ne font pas valoir un certain nombre de preuves d'insertion en France, ils ne pourront l'obtenir".
Dans notre pays, tous les départements ne semblent pas appliquer la même politique. Le préfet de la région Centre s'est engagé : au 31 août, "il n'y aura personne à la rue". "Ils auront tous des papiers, une carte d'étudiant pour la plupart, ou d'autres permis de séjours, ce qui leur permettra de travailler", ajoute Pierre Pouëssel. "En ce qui concerne l'hébergement, nous allons faire du cas par cas entre les places disponibles en CHRS, en hébergement d'urgence, l'accès au logement social, les maisons de famille... Il faut envisager toutes les solutions. L'essentiel, c'est l'intérêt des jeunes."
Ce 28 août à Grenoble, le Conseil Départemental de l'Isère a proposé aux manifestants de recevoir une délégation. La rencontre devrait avoir lieu dans les prochains jours.