Grenoble : une centaine de personnes rend hommage aux victimes des attentats

Désormais, un hommage national sera rendu aux victimes des attentats tous les ans à la date du 11 mars. À Grenoble, pour la première cérémonie, l'assistance était principalement composée de proches de l'Isérois Matthieu Giroud, tué au bataclan. Pour eux, ce travail de mémoire est indispensable. 

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"Je ne souhaite absolument à personne de vivre ce qu’on a vécu le 13 novembre 2015", martèle François Giroud, ému. Son fils Matthieu, maître de conférences à l'université, est décédé il y a un peu plus de cinq ans, lors de l'attentat perpétré contre le bataclan. Depuis, il réclamait "une reconnaissance officielle de ces victimes des attentats". À présent, c’est chose faite. La journée d’hommage aux victimes du terrorisme aura lieu tous les ans le 11 mars, date de l’attentat de la gare d'Atocha à Madrid en 2004, le plus meurtrier en Europe. C'est ce qu'a annoncé le président de la république le vendredi 15 février dernier.
 

À Grenoble, c’est à 11 heures du matin au monument aux morts de la place Paul Mistral que s’est déroulée la tout première cérémonie du département. Dans l'assistance, se trouvaient principalement des proches de Matthieu Giroud. "On vit avec la perte d'une personne tous les jours. C'est très important que le pays se souvienne de ce moment-là et qu'on n'oublie pas que des enfants sont restés sans le père", déclare Antoine, un ami de Matthieu. Cinq ans après, l'émotion est toujours vive chez les proches de l'Isérien. Tous attestent l'importance du devoir de mémoire. 


Des allures de commémoration de guerre

Dépôts de gerbe, Marseillaise, discours du préfet, etc. tous les éléments d’une commémoration de guerre étaient réunis ce mercredi matin. Pour François Giroud, qui est aussi membre de l'association "13onze15" la notion de "victime de guerre" est cohérente. "Il faut se rappeler que le soir où il y a eu les attentats du bataclan, il y a eu très peu de phrases prononcées par les djihadistes mais il y en a une qui est très audible, qui a été rapportée par plusieurs témoins : 'nous vous tuons parce que vous êtes en train de tuer nos frères en Syrie'. Donc vous voyez c’est vraiment dans un contexte de guerre."

Antoine, lui, ne voit pas les choses de cet œil. "Franchement pour moi ce ne sont pas des victimes de guerre. Des gens qui vont faire de la musique, ils ne vont pas faire la guerre. Ce sont des victimes de paix au contraire." 
 

263 morts en France

Partout en France, le message d'Emmanuel Macron, était lu publiquement. Un discours avec comme maîte mot "l'union" qui rendait hommage aux 138 victimes du bataclan mais aussi à toutes les personnes décédées en raison des attentats.
 

Cette journée est la preuve que les terroristes ont échoué à anéantir la promesse républicaine. Ils voulaient détruire la valeur de la vie, ils n’ont réussi qu’à nous la rendre plus précieuse. Ils voulaient paralyser, ils nous ont galvanisés. Ils voulaient diviser, ils nous ont unis.
- Extrait du discours d'Emmanuel Macron, lu lors des cérémonies organisées en France le 11 mars 2020 pour rendre hommage aux victimes des attentats. 

 

François Giroud espère que "la société saura trouver son équilibre pour contenir l’islamisme radical" et il poursuit : "bien évidemment ce n’est pas une attaque contre l’islam qui est une religion comme une autre et qui a le droit d’exister". Il fait ensuite référence au chercheur Hugo Micheron, auteur du livre "Le djihadisme français" (paru le 9 janvier aux éditions Gallimard). "La moitié voire les trois-quarts des djihadistes qu’il a interrogés continuent à revendiquer leurs théories et ce n’est pas parce qu’ils sont passés par la prison qu’ils vont les abandonner. Ça va être un combat à longue échéance" même si, pour lui, "la société a bien réagi depuis 2015 et beaucoup d’attentats ont été déjoués."
 

Des cérémonies de plus grande envergure pour l'année suivante

Ce matin, François Giroud remerciait les autorités d'avoir organisé cette cérémonie tout en espérant qu'elle serait un peu plus conséquente l'année prochaine. "Il ne faut pas remplacer le 8 mai ni le 11 novembre, c’était beaucoup plus important" précise-t-il mais il souhaiterait y voir un peu plus de monde, la présence des scolaires peut-être. Même si pour lui "il suffit qu'elle soit marquée, qu'elle soit là. Il faut qu'il y ait une mémoire qui continue."

Dans son message, Emmanuel Macron faisait référence à Tchékhov en parlant de "réparer les vivants". François, lui, se disait sceptique. "Il y a cette fameuse théorie du deuil mais je crois que ce n'est que de la théorie, dit-il. Moi j'ai perdu mon fils, il avit 37 ans, il était promis à un bel avenir universitaire. Et il est mort en laissant ses petits enfants. On se répare comme on peut mais on fait comme tous les gens qui ont vécu un grand malheur. On fait avec". 




 
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